Le départ de Siemens va obliger Areva à trouver un nouveau partenaire

photo_1232786687167-1-1.jpg
é le 8 juillet 2008 au siège du groupe à Munich (Photo : Oliver Lang)

[24/01/2009 08:45:56] PARIS (AFP) La sortie de Siemens de la filiale de réacteurs nucléaires d’Areva va obliger le groupe nucléaire français à trouver un nouveau partenaire pour financer ses coûteux projets, Total et Alstom, soutenu par Bouygues, faisant pour l’instant figure de favoris.

Selon le quotidien Les Echos, Siemens s’apprête à vendre les 34% qu’il détient au capital d’Areva NP, la filiale de réacteurs du groupe nucléaire français (qui en possède lui 66%).

La décision pourrait être prise dès lundi, à l’occasion de la réunion du conseil de surveillance de Siemens, et le désengagement devrait être bouclé au plus tard d’ici 2012.

Cela marquerait la fin d’une coopération datant de janvier 2001, qui avait vu Framatome (ancêtre d’Areva) et Siemens fusionner leurs activités nucléaires en France, en Allemagne et aux États-Unis.

Les deux partenaires construisent ensemble le réacteur de troisième génération EPR d’Olkiluoto en Finlande, qui pourrait être le premier du genre à entrer en activité en 2012.

Avec le départ de Siemens, Areva se voit acculé à trouver un nouveau partenaire, au moins pour des raisons financières.

Le groupe pourrait devoir débourser 2 milliards d’euros dans les trois prochaines années pour racheter la part de Siemens. Il a en outre de gros besoins pour financer ses coûteux projets industriels, comme la construction de sa nouvelle usine d’enrichissement d’uranium Georges Besse II, au Tricastin (Drôme).

Le groupe pourrait avoir recours à l’endettement. Il dispose en effet d’une excellente réputation sur les marchés financiers: l’agence d’évaluation financière Standard and Poor’s (S&P) lui a attribué en décembre la note “A-1”, la meilleure qui soit.

Mais la présidente d’Areva, Anne Lauvergeon, plaide plutôt pour une ouverture du capital, et ce depuis plusieurs années.

L’opération avait même été annoncée fin 2004, alors que Nicolas Sarkozy était ministre de l’Economie, mais elle a été enterrée par le gouvernement de Dominique de Villepin et n’a pas été exhumée depuis.

Une autre option passerait par un partenariat avec un grand groupe industriel. Alstom plaide depuis des mois pour un tel rapprochement et son PDG, Patrick Kron a encore dit mardi qu’il y était “toujours favorable”.

Selon lui, l’opération permettrait de “créer un champion mondial dans la production d’électricité et le transport ferroviaire”.

Chez Areva, on juge au contraire qu’une telle fusion aurait des synergies industrielles “limitées” et qu’Alstom n’aurait pas une dot assez conséquente à apporter au mariage. Le groupe industriel avait une trésorerie nette de 1,8 milliards d’euros fin septembre.

“Il devient de plus en plus difficile d’écarter Alstom du tableau” estime Dieter Furniere, analyste à la banque Dexia, qui mise sur la création d’un “champion français” associant Alstom, Bouygues (actionnaire à hauteur de 30% d’Alstom) et Areva.

En vendant une partie de sa participation (87%) dans Areva, l’Etat pourrait en outre dégager 3 milliards d’euros “qui pourraient être utilisés pour financer le plan de relance”, imagine l’analyste.

Un autre partenaire éventuel pourrait être Total. Le groupe pétrolier a reconnu jeudi qu’il travaillait sur un projet de construction d’EPR en France, en partenariat avec GDF Suez.

Areva, Total et GDF Suez sont en outre déjà asociés pour vendre deux réacteurs nucléaires EPR à Abou Dhabi, aux Emirats arabes unis.

Contacté par l’AFP, le quatrième groupe pétrolier mondial a toutefois rappelé être “satisfait” de sa participation actuelle (1%) au capital d’Areva.