Société Générale : un an après l’affaire Kerviel, la banque a pansé ses plaies mais reste fragile

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érôme Kerviel et l’un de ses avocats Francis Tissot arrivant le 22 janvier 2009 au pôle financier du tribunal de Paris (Photo : Bertrand Langlois)

[24/01/2009 09:54:44] PARIS (AFP) L’affaire Kerviel, qui a éclaté il y a un an, a paradoxalement servi la Société Générale pendant la crise financière qui a suivi, mais a entamé sa crédibilité en matière de gestion des risques et entaché sa réputation d’excellence dans certaines activités de marché.

Quand l’affaire a éclaté, ses rivales ne se privaient pas de dire que la banque était condamnée à brève échéance car elle s’interdirait à l’avenir de prendre le moindre risque, gagnerait moins d’argent, et serait forcée en fin de compte de se vendre à vil prix.

Un an plus tard, alors que le paysage bancaire ressemble à un champ de ruines, après la disparition de Bear Stearns et Lehman Brothers, l’effondrement de Citigroup, d’UBS ou de Royal Bank of Scotland, Société Générale est parvenue à rester indépendante.

Mieux, la banque a dévoilé mercredi une estimation de son bénéfice pour l’exercice 2008 d’environ 2 milliards d’euros, soit plus du double du résultat de 2007 qui prenait en compte la perte exceptionnelle de 4,9 milliards d’euros, imputée à son trader Jérôme Kerviel.

Les analystes ont salué la capacité de résistance de la banque, surtout au quatrième trimestre, où son résultat devrait être à l’équilibre. BNP Paribas ou Deutsche Bank, pour ne citer qu’elles, sont en perte sur ce trimestre.

“L’affaire Kerviel les a obligés à fortement réduire les risques et cela leur a évité de subir trop de pertes en septembre et octobre, comme leurs concurrents”, commente Jean Sassus, analyste chez Raymond James.

En outre, les “grands clients” de la banque, dont elle pouvait craindre qu’ils passent à l’ennemi, sont restés. Ils ont considéré cette “fraude” comme un “accident industriel” tel que Total a pu le connaître avec AZF: “fâcheux, mais pas scandaleux”, témoigne ainsi un chargé de clientèle.

Pour une autre source, tout le mérite revient à Frédéric Oudéa, promu en mai au poste de directeur général, qui a su relever un défi: “être rigoureux, sans se désengager” pour autant des activités de marché les plus risquées, comme l’ont fait le Crédit Agricole ou Natixis.

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été Générale dans le quartier de La Defense à Paris. (Photo : Eric Piermont)

Enfin, l’affaire Madoff, une fraude à 50 milliards de dollars, a également contribué à relativiser l’importance de cette affaire qui avait à l’époque passionné les médias et suscité de vives réactions au sein du monde politique.

L’affaire Kerviel serait-elle finalement une “chance”, un “mal pour un bien” pour la banque, comme ses responsables l’assurent en privé?

“Quand vous réchappez à un accident de voiture, vous ne dites pas que cela vous a été utile. J’appelle cela réécrire l’histoire”, tempère Alain Tchibozo, analyste chez ING.

Pour savoir si cette affaire a vraiment servi la banque, “soit on attend dix ans pour voir les vrais bénéfices cumulés, soit on compare l’attractivité qu’exerce le label “Société Générale” d’aujourd’hui, avec ce qu’il était il y a quelques années”.

Et l’analyste de rappeler: “avant, la Générale, c’était la reine des dérivés actions et elle était réputée pour sa gestion des risques”.

Aujourd’hui, la banque est “peut-être toujours numéro un” dans les dérivés actions, mais elle est “talonnée” par Crédit Suisse, Goldman Sachs ou Morgan Stanley. Cette dernière a embauché Luc François, qui n’est autre que l’ancien responsable mondial de cette activité à la Générale.