Le secteur du recyclage bataille contre la crise

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échets (Photo : Jean Pierre Muller)

[24/01/2009 12:30:56] PARIS (AFP) Déchets qui continuent d’affluer, demande industrielle pour les matières recyclées qui s’émousse… les entreprises du recyclage n’échappent pas à la crise économique, mais comptent sur la tendance verte pour rebondir.

“Nous sommes dans une crise comme on n’en a jamais connu. Une crise qui est brutale”, affirme Pascal Secula, président de la fédération professionnelle (Federec).

Cartons, métaux, verre…tous les champs du recyclage sont “frappés simultanément”.

Les 2.450 entreprises du secteur sont prises en étau entre, en amont, un flux de déchets qui demeure soutenu et, en aval, une demande en matériaux recyclés en berne. Elles sont également confrontées à des carnets de commandes industriels fortement réduits. Le tout accompagné de prix de vente qui dégringolent.

“C’est la première fois que nous avons un problème de vente de la matière: les usines qui nous achetaient des produits achètent maintenant au coup par coup, voire pas du tout”, raconte Jean-François Fourment, à la tête d’une entreprise familiale de 20 salariés dans le Tarn-et-Garonne.

La situation s’est dégradée à une vitesse fulgurante. En juin, le “zénith”, se rappelle M. Secula, puis le fléchissement en juillet et, à partir de septembre, la dégringolade.

Depuis, les stocks gonflent. Pour certaines matières, “vous ne revendez pas la totalité de ce que vous entrez, donc ça s’accumule”, explique M. Fourment.

Très tourné vers l’export, débouché d’un quart des 36 millions de tonnes de matières recyclées produites en France, le secteur est aussi handicapé par la dimension internationale de la crise.

Si l’activité de recyclage est affaiblie car elle “reste naturellement liée à l’intensité de l’activité économique”, les effets de la crise seront néanmoins “limités” par rapport à d’autres secteurs, relève Thomas Roux, analyste chez Precepta.

Grâce à quelques bonnes années précédentes, les entreprises du recyclage peuvent encore capitaliser sur leurs réserves, mais les plus petites sont les plus vulnérables.

“Nous vivons sur une trésorerie relativement moyenne, mais qui disparaît de jour en jour”, explique M. Fourment.

Dans son entreprise, qui traite surtout des métaux, les salariés ne font plus d’heures supplémentaires et, si cela continue, on craint d’être obligé d’envisager des licenciements.

“Si ça doit durer encore un trimestre ou deux”, des entreprises risquent de disparaître, prévient M. Secula, qui dirige l’entreprise Bourgogne Recyclage en Côte-d’Or.

Suez Environnement, l’un des poids lourds du secteur avec Veolia, est, lui, “relativement protégé”, car la majorité du chiffre d’affaires est réalisée avec des collectivités territoriales et l’activité de recyclage porte d’abord sur de la prestation de services, explique une porte-parole.

Pour rebondir, le secteur peut compter sur “une tendance de fond qui va vers plus de recyclage et accompagne le métier”, estime-t-elle.

D’une part, la population – donc la production de déchets – augmente, entraînant le besoin en matières recyclées. D’autre part, l’incitation au recyclage devient politique, avec récemment le Grenelle de l’Environnement.

Avec de nombreux déchets pas encore recyclés et des secteurs qui se développent, comme le recyclage des équipements électriques et électroniques, obligatoire depuis fin 2006, “les marchés de la valorisation ont incontestablement de beaux jours devant eux”, assure Thomas Roux, si l’année 2009 s’annonce encore difficile, “le rebond se fera en 2010”.