Evacuer les actifs toxiques des banques au moindre coût, le casse-tête de Berlin

photo_1232791892446-1-1.jpg
ück, le 21 janvier 2009 à Berlin (Photo : Axel Schmidt)

[25/01/2009 07:31:08] FRANCFORT (AFP) Le gouvernement allemand planche sur plusieurs solutions pour soulager les banques de leurs actifs toxiques, mais rechigne à opter pour une solution radicale comme celle d’une “bad bank”, jugée trop coûteuse pour le contribuable.

Une “bad bank” est une structure de défaisance qui rachète les actifs dégradés des banques, devenus invendables sur le marché, avec l’objectif de les revendre plus tard, quand la situation s’est normalisée.

Le magazine Spiegel révélait récemment que les actifs “pourris” des 20 principales banques allemandes atteindraient 300 milliards d’euros. Pour l’ensemble du secteur, ce serait un total de 1.000 milliards d’euros.

La crise financière a fait fondre la valeur réelle de ces actifs, qui polluent les comptes des banques. Trimestre après trimestre, celles-ci doivent procéder à des dépréciations, un grand nettoyage qui pèse sur leurs résultats et complique leur accès à de nouveaux emprunts.

La Deutsche Bank, première banque du pays, a choqué récemment en annonçant une perte de près de 5 milliards sur le seul quatrième trimestre.

Le plan fédéral de soutien au secteur, doté en octobre de 400 milliards d’euros de garanties publiques et 80 milliards d’euros de recapitalisation, est de plus en plus critiqué. Un nouveau dispositif public inspiré du modèle d’une “bad bank” est réclamé par de nombreux banquiers depuis plusieurs semaines.

Mais une “bad bank” coûterait entre 150 et 200 milliards d’euros pour le contribuable, selon le ministre fédéral des Finances Peer Steinbrück, alors que le budget de l’Allemagne est déjà plombé par la récession.

Surtout, 2009 est une année électorale en Allemagne, qui culminera par des élections générales en septembre. Et les électeurs ne manqueront pas de faire leurs comptes avant de décider pour qui voter.

Des alternatives à une “bad bank” classique sont discutées à Berlin. Une structure de défaisance pourrait naître dans chaque banque, selon le Süddeutsche Zeitung de vendredi citant des sources gouvernementales.

Séduisante sur le papier car permettant à chaque institut de traiter ses propres actifs toxiques, “cette solution n’éviterait pas à l’Etat de verser des liquidités ou des garanties pour permettre aux banques d’équilibrer le passif de leurs bilans”, objecte une source parlementaire à l’AFP.

Des députés conservateurs (CDU) proposent que l’Etat récupère des actifs toxiques des banques à hauteur de la valeur de ces titres lors du bouclage des bilans annuels.

“L’Etat prendrait en charge les actifs sans être obligé de verser des liquidités aux banques”, explique le député Steffen Kampeter, responsable des questions budgétaires pour le parti conservateur.

A l’Etat cependant d’assumer la dépréciation des titres quand ils arriveront à échéance. En contrepartie, “les banques devraient rembourser l’Etat avec des parts de leurs bénéfices”, et ce pendant “plusieurs années”, poursuit M. Kampeter dans une note, rappelant que ce système avait été employé avec succès pour assainir les banques est-allemandes après la Réunification.

De nombreuses questions restent cependant en suspens. “Est-ce que les banques devront racheter un jour (les titres, ndlr), et si oui, à quel prix?” s’interroge Michael Kemmer, le patron de la banque régionale BayernLB, dans le Süddeutsche Zeitung.

En outre, “les règles internationales de comptabilité rendent difficile un retrait total des actifs critiques du bilan (…), ajoute-t-il. C’est un sujet énormément complexe”.