ésident vénézuélien Hugo Chavez et le colombien Alvaro Uribe à à Cartagena en Colombie, le 24 janvier 2009 (Photo : Mauricio Duenas) |
[25/01/2009 09:53:12] CARTAGENA (AFP) Le président vénézuélien Hugo Chavez et le colombien Alvaro Uribe se sont réunis samedi à Cartagena (Colombie) pour mettre en place un plan de travail commun face à la crise économique, enterrant définitivement la hache de guerre après les tensions de l’année 2008.
“Je me sens Colombien”, a dit le président vénézuélien au terme d’une conférence de presse au cours de laquelle le socialiste Chavez et le conservateur Uribe ont rivalisé de courtoisies mutuelles.
Moins d’un an après la plus sévère crise diplomatique entre les deux pays, entraînée notamment par le bombardement par l’armée colombienne d’un camp de la guérilla des Farc en Equateur, allié du Venezuela, Hugo Chavez et Alvaro Uribe ont annoncé la création d’une “commission économique” commune “pour mettre en place de nouveaux instruments” qui permettent de propulser encore les échanges commerciaux.
“La question économique n’est pas virtuelle, c’est une menace qui commence à frapper fort”, a admis le président Hugo Chavez, dont le pays, premier exportateur de pétrole d’Amérique latine, est durement touché par la chute des cours de l’or noir.
Le Venezuela et la Colombie, qui partagent une frontière longue de 2000 km, sont très liés économiquement, avec des échanges qui ont atteint 7,5 milliards de dollars en 2008.
Le Venezuela est le deuxième marché d’exportation pour la Colombie après les Etats-Unis. L’objectif des deux pays est de porter en 2009-2010 les échanges à dix milliards de dollars, a précisé le dirigeant socialiste.
Bogota et Caracas ont également convenu lors de cette réunion de créér plusieurs fonds d’aide aux micro-entreprises, au financement d’infrastructures et un fonds “stratégique” destiné à encourager les investissements.
Ils ont annoncé s’être donné rendez-vous en avril au plus tard pour concrétiser ces projets.
Hugo Chavez et Alvaro Uribe ont parachevé leur réconciliation en annonçant la nomination de deux nouveaux ambassadeurs, au curriculum très centré sur les questions commerciales: l’ex-ministre vénézuélien du Commerce extérieur Gustavo Marquez, pour Caracas, et la directrice de la chambre de commerce colombo-vénézuélienne Maria Luisa Chiappe, pour Bogota.
Les deux présidents avaient entammé en juillet 2008 lors d’un sommet au Venezuela une “nouvelle étape” de leurs relations, après un début d’année mouvementé.
En novembre 2007, Alvaro Uribe avait mis abruptement fin à une mission de médiation auprès des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxistes) confiée à son homologue, en l’accusant d’être trop favorable à la guérilla.
En mars 2008, les relations s’étaient davantage tendues après le bombardement par l’armée colombienne d’un camp des Farc en territoire équatorien. M. Chavez, allié de l’Equateur, avait envoyé des soldats sur sa frontière avec la Colombie et rappelé son ambassadeur à Bogota.
Samedi, ils ont soigneusement évité les sujets délicats pour l’un ou l’autre.
Hugo Chavez a ainsi assuré qu’il ne soutenait aucun “mouvement subversif” colombien, et a refusé de prendre position sur la querelle opposant Bogota à Quito, qui refuse toujours de reprendre ses relations diplomatiques avec la Colombie, rompues depuis le bombardement. “Il faut beaucoup de prudence sur le sujet”, a dit Hugo Chavez.
Alvaro Uribe a pour sa part refusé de commenter le référendum qui sera organisé à la mi-février au Venezuela sur un amendement constitutionnel permettant la réelection illimitée d’Hugo Chavez, au pouvoir depuis 10 ans.
“Il s’agit d’une question de démocratie interne”, s’est-il limité à dire, alors qu’en Colombie un projet de référendum est aussi à l’étude pour permettre à Alvaro Uribe de se représenter à l’issue de son deuxième et en principe dernier mandat, en 2010.