é de Continental, le 25 janvier 2005 à Hanovre (Photo : Jochen Luebke) |
[25/01/2009 12:18:08] FRANCFORT (AFP) En évinçant le président du conseil de Continental, le groupe familial allemand Schaeffler a pris de facto possession de l’équipementier automobile et veut désormais accélérer le rapprochement des deux groupes, rendu plus que jamais urgent par la crise.
Hubertus von Grünberg, désormais chargé d'”accompagner de près” le processus de séparation de l’activité pneumatique dans une société indépendante, “met à court terme son poste à disposition”, selon un communiqué diffusé samedi à l’issue d’une réunion extraordinaire du conseil de Continental.
M. von Grünberg, 66 ans, restera membre du conseil de surveillance, au moins jusqu’en avril, quand les actionnaires devront voter en assemblée générale pour le renouvellement de l’ensemble des postes du conseil.
Mardi, Schaeffler avait publiquement exigé son départ en des termes d’une rare agressivité, l’accusant de saboter la coopération entre les deux entreprises.
Il sera remplacé par un homme de Schaeffler, Rolf Koerfer. La riche propriétaire Maria-Elisabeth Schaeffler, son fils Georg et le patron du groupe Jürgen Geissinger, feront leur entrée dans l’organe de contrôle.
Officiellement, les intéressés ne s’expriment pas sur les raisons de la discorde, qui enflait ces dernières semaines.
Selon la presse allemande, Schaeffler veut réunir son activité de pièces automobiles avec celle de Continental, mais aussi transférer une grosse partie de ses dettes dans la nouvelle entité. M. von Grünberg aurait proposé de rechercher un investisseur externe susceptible de reprendre une partie des dettes contre une participation conséquente. Idée rejetée par Schaeffler, car il n’aurait plus qu’une position minoritaire dans l’ensemble.
La société spécialisée dans les roulements à billes, trois fois plus petite que Continental, est prise à la gorge. Sa montée au capital, entamée en juillet 2008, a tourné au cauchemar financier suite à l’effondrement des marchés automobiles à partir de la fin de 2008, qui frappe de plein fouet leurs fournisseurs, et l’intensification en septembre de la crise financière qui rend l’accès au crédit très difficile.
Elle a récemment négocié, à grand peine, une ligne de crédit de 16 milliards d’euros pour financer son acquisition. Continental aussi a dû lourdement s’endetter, de plus de 11 milliards, pour acquérir en 2007 l’équipementier et ex-filiale de Siemens VDO.
Le retrait de Hubertus von Grünberg et le départ, annoncé parallèlement, du directeur financier Alan Hippe, lui aussi dans le collimateur des Bavarois, laisse à Schaeffler les coudées franches pour réaliser ses projets.
“Je me réjouis qu’à présent, ce qui va bien ensemble va pouvoir se développer ensemble”, a réagi Mme Schaeffler, en référence au rapprochement des activités d’équipements automobiles des deux groupes.
Et c’est le président du directoire de Continental Karl-Thomas Neumann qui a désormais la lourde tâche de “concrétiser la coopération” entre les deux entreprises, avec “l’objectif commun (…) de créer en Allemagne un deuxième champion mondial du secteur des équipementiers automobiles” après Bosch, selon le communiqué.
C’est en catimini, via des options sur actions – à la manière de Porsche avec Volkswagen – que Schaeffler s’était emparé en juillet dernier d’une part conséquente du capital de Continental. La très discrète société, basée à Herzogenaurach près de Nuremberg (sud), détient désormais 49,9% de “Conti”, et s’est engagée à ne pas aller au-delà d’ici 2012.
Contraint de lancer une offre d’achat, elle a acheté au prix fort – 75 euros par titre – 90% des actions dont la valeur a entre temps fondu, et a dû en parquer non sans mal quelque 40% auprès des banques Metzler et Sal Oppenheim. Vendredi à la clôture de la Bourse, Continental valait un peu plus de 17 euros.