Barclays calme les angoisses des investisseurs et l’action s’envole

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à Swindon en Angleterre, le 26 janvier 2009 (Photo : Carl de Souza)

[26/01/2009 14:11:09] LONDRES (AFP) Après s’être effondrée en Bourse la semaine dernière, la banque Barclays a rassuré lundi les investisseurs en indiquant qu’elle avait dégagé d’importants profits en 2008 malgré de lourdes dépréciations, et qu’elle n’aurait pas besoin de lever des capitaux, faisant s’envoler son cours de plus de 75%.

Dans une “lettre ouverte” aux investisseurs, les patrons de la banque, Marcus Agius et John Varley, ont levé un double foyer d’inquiétudes, clarifiant l’ampleur des pertes du groupe liées à la crise du crédit et écartant un nouvel appel au marché.

Ils ont assuré, avant la publication des résultats 2008, qui va être avancée d’une semaine au 9 février, que le bénéfice imposable dépasserait les 5,3 milliards de livres (5,6 milliards) d’euros attendus en moyenne par les analystes.

C’est déjà ce qu’avait indiqué la banque, vendredi 16 janvier. Mais cette première mise au point n’avait pas enrayé la dégringolade boursière de l’établissement, qui avait perdu plus de la moitié de sa valeur la semaine suivante.

Les deux patrons sont donc allés plus loin cette-fois ci en assurant que cette prévision tenait compte d’une charge brute pour dépréciation de 8 milliards de livres, levant ainsi les incertitudes des investisseurs quant à l’impact de la crise du crédit sur les comptes de la banque.

“Ces chiffres démontrent que, bien que nous ayons été lourdement affectés par la crise du crédit, notre capacité à générer des revenus a atteint un niveau record en 2008 et nous a permis de compenser son impact et de dégager tout de même des résultats solides”, ont-ils expliqué.

Et au-delà de ses bénéfices, Barclays a écarté un second foyer d’inquiétudes, en éloignant le spectre d’une éventuelle nationalisation.

En effet, MM. Agius et Varley ont tué les rumeurs d’un appel de fonds, en affirmant que leur banque bénéficiait toujours de niveaux de capitaux adéquats, dépassant de 17 milliards de livres le minimum réglementaire, ce qui constituait un épais “coussin de sécurité” pour absorber les chocs.

Ce sujet angoissait de nombreux investisseurs, car une levée de fonds aurait pu obliger Barclays à donner une partie de son capital à l’Etat, sur le modèle de ses rivales RBS et Lloyds Banking Group, détenues respectivement à 58% (et bientôt à 70%) et à 43,4% par le gouvernement britannique.

Des craintes alimentées par le fait que la banque à l’aigle venait tout juste de procéder à une énorme levée de fonds (7,05 milliards de livres) auprès d’investisseurs du Golfe, et qu’il semblait exclu qu’elle puisse encore puiser des milliards à la même source.

Car cette opération, qui a donné à ces investisseurs près du tiers du capital, avait failli capoter devant les critiques des actionnaires britanniques. Le groupe avait dû en renégocier les termes pour obtenir leur feu vert et le président Marcus Agius leur avait même présenté ses excuses.

Ces annonces ont été saluées par les investisseurs. L’action du groupe a grimpé dès l’ouverture des échanges. Après avoir gagné jusqu’à 76% dans la matinée, elle prenait encore 51,17% à 77,40 pence à la mi-séance.

“Le marché est réconforté par la décision de Barclays de faire un point sur sa position. Malgré 8 milliards de livres de dépréciations, les investisseurs se remettent à racheter le titre, car ils considèrent désormais la banque comme sous-évaluée”, a commenté à l’AFP Manoj Ladwa, courtier chez ETX Capital.