La France promet des milliards d’euros pour aider Airbus à exporter

[26/01/2009 20:46:31] PARIS (AFP)

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à l’aéroport de Begumpet (Inde), le 16 octobre 2008 (Photo : Noah Seelam)

Le gouvernement va mobiliser plusieurs milliards d’euros pour soutenir les exportations de l’avionneur européen Airbus, de nombreuses compagnies aériennes souffrant de l’assèchement du crédit pour payer les avions commandés.

“5 milliards d’euros serviront à financer des projets de ventes d’avions (…) Cela permettra de répondre aux difficultés des clients des constructeurs aéronautiques qui n’arrivent pas à trouver de financement”, a expliqué lundi l’entourage de la ministre de l’Economie, Christine Lagarde.

L’essentiel devrait profiter à Airbus, principal constructeur aéronautique européen.

Concrètement, cette opération se fera par le biais de la Société de financement de l’économie française (SFEF), qui bénéficie de la garantie de l’Etat. Elle lèvera ces fonds et les reprêtera ensuite aux banques françaises spécialistes de l’aéronautique.

Ces dernières, telles Natixis, Calyon (Crédit Agricole) ou BNP Paribas, auront pour mission de financer ces contrats à l’exportation.

Cette initiative, révélée par les Echos, a été saluée par Airbus. “On l’accueille favorablement”, a dit une porte-parole.

La Commission européenne a quant à elle demandé “des éclaircissements”.

Selon Les Echos, cette décision française pourrait être suivie par les autres Etats fondateurs d’Airbus –Allemagne, Royaume-Uni et Espagne– auprès des établissements bancaires de leur pays. Ces derniers ne se sont pas encore exprimés sur le sujet.

Le prix d’un avion oscille entre 50 millions de dollars –pour les moyen-courriers– et 327,4 millions de dollars –pour le plus grand, l’A380–, selon les tarifs catalogue publiés par les deux constructeurs d’appareils de plus de 100 places.

La quasi-totalité des avions vendus par Airbus et son rival américain Boeing le sont à crédit. Les compagnies achètent généralement plusieurs appareils à la fois, ce qui rend encore plus difficile un règlement en cash.

L’essentiel de l’avion est payé à sa livraison, même si les compagnies versent habituellement plusieurs petits acomptes, notamment au moment de la signature de la commande.

En général, les compagnies se soucient du financement pour payer la livraison de leurs avions entre 6 et 18 mois à l’avance, explique un banquier spécialiste du secteur.

Ces derniers mois, les dirigeants d’Airbus et de sa maison-mère EADS n’ont pas caché leur inquiétude face au resserrement du crédit dû à la crise, qui étrangle leurs clients.

Le 15 janvier, le patron d’Airbus, Thomas Enders, avait déclaré qu’il s’estimerait “content” si les livraisons atteignaient en 2009 le niveau de 2008, c’est-à-dire 483. Il a reconnu dimanche, lors d’un forum à Ryad, que le groupe “luttait pour trouver des financements pour ses clients”.

“Nous sommes en contact continu avec nos clients pour gérer les livraisons et anticiper leurs besoins”, indique-t-on chez Airbus.

“Le carnet de commandes d’Airbus est un tout petit peu plus menacé que celui de Boeing car il compte un peu plus de compagnies originaires des marchés émergents ou low-costs”, estime Yan Derocles, analyste d’Oddo Securities.

Habitués à une forte croissance du trafic aérien ces dernières années, ces transporteurs basés en Chine, Inde ou dans d’autres pays d’Asie, ainsi qu’en Amérique latine ou en Afrique, doivent maintenant faire face à un ralentissement, alors que leur soif d’avions paraissait, encore récemment, intarissable.

Cette année, Airbus s’attend à enregistrer entre 300 et 400 commandes, contre 777 l’an passé.