Affaire Kerviel : les juges ont bouclé leur enquête

[26/01/2009 18:49:29] PARIS (AFP)

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érôme Kerviel et l’un de ses avocats Francis Tissot arrivant le 22 janvier 2009 au pôle financier du tribunal de Paris (Photo : Bertrand Langlois)

Les juges chargés du dossier des falsifications imputées au trader Jérôme Kerviel, qui ont coûté 4,9 milliards d’euros à la banque française Société générale, ont conclu leur enquête un an après la révélation de l’affaire, a-t-on appris lundi de sources proches du dossier.

Quatre jours après la dernière audition du trader jeudi, au cours de laquelle ses avocats ont sans succès demandé aux magistrats de nouveaux actes d’enquête, les juges Renaud van Ruymbeke et Françoise Desset ont officiellement notifié la fin de leur enquête ouverte le 28 janvier 2008.

La défense de Jérôme Kerviel et la banque –partie civile dans l’affaire– ont trois mois pour réclamer éventuellement des investigations complémentaires.

Après avis du parquet, les juges prendront alors leur décision sur le renvoi pour un procès devant le tribunal correctionnel de Jérôme Kerviel et de son assistant Thomas Mougard, également poursuivi dans ce dossier.

L’ancien trader est mis en examen pour “abus de confiance”, “faux et usage de faux” et “introduction frauduleuse de données dans un système informatique”.

Il est soupçonné d’avoir pris des positions non-autorisées sur les marchés financiers, qui ont atteint 50 milliards d’euros en janvier 2008 et engendré pour la Société générale une perte colossale de 4,9 milliards d’euros.

Son assistant est pour sa part poursuivi pour “complicité d’introduction frauduleuse de données dans un système informatique”.

La révélation le 24 janvier 2008 de ce qui est présenté comme la plus grosse perte de trading de l’histoire de la finance (4,9 milliards d’euros) avait provoqué un séisme sur les marchés financiers en pleine crise des subprimes, ces crédits hypothécaire à hauts risques.

Après la révélation de l’affaire, Jérôme Kerviel, 32 ans, avait reconnu immédiatement sa part de responsabilité, mais dit ne pas vouloir être “le bouc émissaire” de la Société Générale, qui selon lui ne pouvait ignorer ses prises de positions exorbitantes.

Changeant d’avocats à mi-parcours, il a ensuite modifié sa stratégie et attaqué de front la direction de la Société Générale, suggérant une implication pénale d’autres salariés et responsables de la banque, sans être cependant suivi par les juges.

Pour les magistrats, le trader a fait preuve “d’ingéniosité” pour profiter des défauts de contrôle de la Société Générale, dénoncés par plusieurs rapports dont celui de la Commission bancaire qui a souligné des “carences graves du système de contrôle interne”.

Cinq salariés de la banque ont été licenciés et deux autres ont démissionné à la suite de cette affaire.