Coopération : la France n’est pas fermée aux Tunisiens

«Il faut, si possible, anéantir et dissiper quelques idées
fausses. Que ce soit définitivement clair, la France n’est pas un pays fermé aux
Tunisiens, loin de là… moins de 10% de dossiers rejetés en 2008, c’est le taux
de refus le plus bas au Monde et à l’intérieur de l’espace Schengen», a clamé
haut et fort Michel Pinard, consul général de France lors d’une conférence de
presse organisée le lundi 26 janvier 2009 au siège de l’ambassade. «Nous savons
que pour les Tunisiens, les visas sont une affaire de cœur alors que pour nous,
c’est une affaire purement administrative», a-t-il ajouté.

Et M. Pinard d’étayer par quelques chiffres. En 2003, les services
consulaires français avaient délivré un peu plus de 61.000 visas pour plus de
77.000 demandes. En 2008 et sur les 87.000 dossiers déposés, 79.137 visas ont
été accordés. Le taux de refus supérieur en 2003 à 21% a baissé en 2008 pour
s’établir à 10%. Dans la plupart des pays du monde, d’après le consul général de
France, on a affaire à des taux de refus qui balancent entre 20 et 21%.

Sur la totalité de demandes de visas reçus à l’ambassade de France, 20.000
concernent les longs séjours pour les hommes d’affaires, les étudiants (dont les
taux de refus des dossiers de visas ont considérablement baissé avec 3.000 visas
accordés en 2008) et les conjoints tunisiens des Français.

La communauté française en Tunisie avoisine les 25.000 personnes dont les
trois quart ont la double nationalité. Le développement économique entre les
deux pays à l’origine de l’implantation de nombre d’entreprises françaises en
Tunisie ainsi que les mariages binationaux (trois mille mariages binationaux
par an) et enfin l’arrivée en Tunisie d’un certain nombre de retraités, attirés
par le site, les conditions d’accueil et la douceur du climat y augmenteront le
nombre de ressortissants.

D’autre part et dans l’esprit de l’accord signé entre les présidents tunisien
et français en 2008, ratifié en Tunisie et dans l’attente de l’approbation des
parlementaires français, le consulat s’est efforcé de délivrer le maximum de
visas de circulation pour les longs séjours. «La durée de ces visas n’a de
limite que la durée de la validité du passeport tunisien», a précisé le consul
général qui a assuré que la volonté des autorités françaises de faciliter autant
que possible l’accord des visas de circulation à l’intention des demandeurs
tunisiens n’est pas à mettre en doute. Le nombre de visas longs séjours pour les
étudiants a augmenté de 30% entre 2005 et 2008 et le taux de refus a baissé de
9,5%.

Pour ce qui est des conditions de réception des personnes sollicitant les
visas, et suite au réaménagement des locaux consulaires pour augmenter la
capacité d’accueil, il est attendu que l’on s’attaque aux files d’attente qui
engorgent les trottoirs de la Rue de Yougoslavie, «files d’attente qui se
constituent régulièrement, je l’ai constaté moi-même en mettant à l’intérieur de
l’une d’elles, parce que nombre de personnes ne respectent pas les heures de
rendez-vous et arrivent au consulat 1 heure ou 1heure et demi à l’avance de peur
de rater leur rendez-vous», explique M.Pinard.

Nous ne privons pas la Tunisie de ses compétences

«Tunis est le quatrième poste au monde par le nombre de dossiers traités et
le premier au niveau du pourcentage des accords», a ajouté Son Excellence Serge
Degallaix, ambassadeur de France parlant des visas. Il a affirmé que doubler la
capacité d’accueil des salles d’attente pour les demandeurs de visas est un
projet en cours d’étude et qui sera réalisé dans un proche avenir, l’objectif
étant de faire disparaître la file d’attente formée chaque jour dans la rue.

Quant à l’émigration professionnelle, deux nouvelles mesures ont été prises
par le ministère français de l’Immigration en 2008 pour faciliter la mobilité
des travailleurs. Ce sont la Carte de Séjour Salariés en mission et celle de
Séjour Compétences et Talents qui devraient se développer encore plus cette
année.

La Tunisie est le deuxième pays au monde pour ce qui est du nombre de carte
Compétences et Talent reçus, le premier étant le Japon avec une population
supérieure de 20 fois, a précisé M. Degallaix. «Cet accord relève d’une gestion
concertée, nous ne privons pas la Tunisie de ses compétences, au contraire à
travers ces cartes, nous donnons l’occasion de l’acquisition d’une expérience
professionnelle pour qu’une fois revenues, ces personnes puissent faire profiter
la Tunisie de leur savoir-faire», a-t-il indiqué.

Précisons que les premières cartes “Compétences et talents”, qui permettent à
des professionnels de travailler en France pendant une durée maximale de six ans
et d’y séjourner avec leur famille, ont été délivrées dès décembre 2007.

Pour le consulat français, la politique mise en œuvre en matière de
circulation des personnes et de délivrance de visas vise à accompagner les
relations de toutes natures entre les deux pays et à favoriser la circulation
des acteurs et des compétences qui contribuent au dynamisme de ces relations.

Ceci dit, malgré les efforts louables déployés par les autorités consulaires
en place à Tunis, des files d’attente aussi longues à la rue de
Yougoslavie représentent une image des plus désagréables aux yeux des passants,
et ceci nonobstant l’indiscipline des Tunisiens. Car votre Excellence M.
l’ambassadeur de France, lorsqu’il s’agit de visas, c’est la nature inquiète et
angoissée du Tunisien qui a peur de rater son rendez-vous et de se voir
contraint de refaire toute la démarche depuis le début qui prend le dessus et
qui fait qu’il se comporte de manière «contre nature» en arrivant beaucoup plus
tôt que plus tard, ce qui «apparemment correspondrait le plus à sa nature».

Et pour ce qui est de priver la Tunisie de ses compétences, il est vrai que
le pays pourrait profiter de l’expertise de ceux qui choisiront de revenir, sauf
peut-être les «meilleurs», ceux-ci trouveraient peut-être mieux de rester dans
un pays qui leur offrirait plus d’avantages et le cadre idéal qui leur
permettraient de s’épanouir dans leurs disciplines respectives, et dans ce cas,
ils constitueront une perte sèche pour le pays ”expéditeur”.

Albert Einstein disait : «C’est le devoir de chaque homme de rendre au monde
au moins autant qu’il a reçu». Nous n’arrivons même pas à rendre à notre pays
autant qu’il nous a donné, c’est là où le bas blesse, car d’autres pays ont,
eux, les moyens de profiter et de s’offrir nos talents.