La Tunisie figure parmi les 20 premiers partenaires
économiques de la France, au niveau des exportations et des importations, le
taux de croissance des échanges économiques de la Tunisie avec la France est
supérieur aux taux de croissance de nos échanges avec le reste du monde, a
affirmé M. Serge Degallaix, ambassadeur de France lors du point presse organisé
lundi 26 janvier 2009 au siège de l’ambassade à Tunis.
Il faut reconnaître que la France est indéniablement un partenaire économique
privilégié pour la Tunisie. M. Mohamed Nouri Jouini, ministre du Développement
économique et de la Coopération internationale, avait déclaré au mois d’avril
2008, lors du Forum économique tuniso-français : «Mobilisés pour construire
l’Union pour la Méditerranée», que les échanges commerciaux entre la Tunisie et
la France avaient atteint en 2007 les 7 milliards d’euros (13 milliards de DT),
un niveau record et historique».
Et même si en 2008 et en raison de la crise financière et économique
internationale, il y a eu une légère régression des chiffres à cause du recul de
secteurs tels l’industrie automobile ou les textiles, «cette année a été
remarquable au niveau des investissements, le nombre d’entreprises a été
maintenu, mais elles ont gagné en importance et en valeur, a précisé M. Bertrand
Furno, représentant de la Mission économique française. En 2008, il y a eu 500
millions de dinars d’investissements français en Tunisie avec des opérations
importantes comme celle de la BTK avec le Groupe Caisse d’Epargne et de la STAR
avec Groupama».
La France est le premier partenaire commercial de la Tunisie qui, en matière
d’échanges commerciaux, se situe à un niveau proche du Brésil et du Maroc, deux
pays beaucoup plus peuplés qu’elle, et devance le Canada et l’Inde.
Abstraction faite des hydrocarbures, les investissements français en Tunisie
ont représenté presque la moitié des investissements étrangers et le quart du
total (y compris les hydrocarbures). 2009 sera l’année de l’aéronautique et du
transport avec la confirmation de l’implantation d’Airbus en Tunisie qui démarre
incessamment, et également une présence importante du groupement des industriels
tunisiens au Salon le Bourget en France. On s’attend à ce qu’il y ait une
collaboration plus serrée entre les deux pays pour ce qui est des transports
collectifs et ferroviaires dans le Grand Tunis.
Chaque semaine, une entreprise
Les contrats de partenariat signés entre les deux pays sont de grande portée,
a affirmé M. Serge Degallaix, «parce qu’il ne s’agit pas que d’appels d’offres
et de soumissions, il s’agit d’un véritable partenariat industriel». 1.200
entreprises françaises sont implantées en Tunisie et elles sont de plus en plus
importantes; elles seront plus visibles en 2009, 2010 qu’auparavant, a précisé
l’ambassadeur de France pour lequel «il faudrait apprendre à raisonner
régionalement dans la compétition internationale et mettre en place des
alliances et des partenariats surtout que la crise économique aidant, on assiste
de plus en plus à des délocalisations».
Le contrat signé pour l’acquisition de 16 Airbus en plus des trois options
comprend une partie livraison d’appareils mais également une dimension
industrielle qu’on est en train de mettre en place, affirmé M. Degallaix. La
filiale d’Airbus en Tunisie devrait démarrer en 2010. En 2007, les entreprises
de construction aéronautique étaient au nombre de 7 ou 8, aujourd’hui, elles en
sont à 21 et avec ceux qui travaillent sur la tuyauterie, au bout du premier
semestre 2009, nous en serons à une trentaine, a précisé Son Excellence qui a
ajouté que l’accord électronucléaire entre la France et la Tunisie, et au-delà
du simple lien commercial, produit d’ores et déjà ses effets, à savoir un
avancement au niveau de la réflexion pour sa concrétisation et la formation
d’experts tunisiens en France.
Pour l’ambassadeur de France, le rapport Tunisie-France s’établit dans une
démarche de gagnant/gagnant qui commence à produire ses effets. Attirant
l’attention sur les remous provoqués par les commentaires suscités en France à
propos des délocalisations et qui ont suscité un débat en Tunisie, il souligne
qu’«il faudrait relativiser, car tout ce que nous entreprenons s’inscrit dans
une logique de partenariat dont chaque partie retire des bénéfices». La Tunisie
et la France, c’est «la fidélité dans les relations, la solidarité pour notre
bien et l’intensité dans nos échanges», a avancé M. Degallaix.
Rappelons que suite à l’augmentation des flux financiers en direction de la
Tunisie en 2008, l’implantation des entreprises françaises établies dans notre
pays a continué au rythme d’une entreprise par semaine, ce qui a eu un effet
direct sur la croissance de la communauté française en Tunisie, devenue
supérieure de 10%.
Au programme en 2009
Tout d’abord, une série de visites des hauts responsables français qui
démarrera avec les arrivées prochaines des ministres français de l’Education et
du Transport, suivies au printemps par la venue du Premier ministre M. François
Fillon, invité par son homologue tunisien, M. Mohamed Ghannouchi.
2009 sera également l’année des PME, avec la mise en place d’une ligne de
crédit française pour accompagner les PME tunisiennes. Les discussions entre la
coopération économique française et les Tunisiens sont à un stade avancé pour
déterminer le montant du crédit et les mécanismes d’application.
Quinze opérations de promotion ou de coopération parmi lesquelles figure le
secteur de la thalassothérapie et du thermalisme en essor en Tunisie et qui
pourrait profiter de l’expertise française en la matière. Pour ce qui est des
textiles, Texmed, qui se tient au mois de juin prochain, semble être une
occasion propice pour des entrevues entre les professionnels tunisiens et
français et des partenariats d’autant plus importants que la crise a porté un
coup grave au secteur.
Quant au bâtiment et travaux publics, qui devraient se développer encore plus
dans la perspective des mégaprojets, c’est sous l’égide de la Chambre de
commerce que sera organisée une rencontre où l’on mettra l’accent sur la
coopération dans le domaine des travaux publics.
La France demeure le premier fournisseur de la Tunisie avec une part de
marché de 18,6% en 2008 et son premier client puisque 29,3% des exportations
tunisiennes sont destinés au marché français. La Tunisie figure dans le top 25
des partenaires commerciaux de la France (23ème client et 21ème fournisseur).
Grâce à l’augmentation de la production pétrolière, la France étant le 1er
client de la Tunisie, et la hausse des prix ainsi qu’à l’augmentation des
investissements français directs en Tunisie dans les secteurs manufacturiers off
shore tels les textiles, habillement, filière mécanique, électrique et
électronique dont la production est exportée vers l’hexagone, le solde
commercial, traditionnellement excédentaire pour la France, l’est actuellement
pour la Tunisie.
Les échanges économiques entre les deux pays ont toujours pesé de tout leur
poids dans les décisions politiques prises par les Etats. La Tunisie
pourrait-elle influer de quelque manière que ce soit sur les prises de décisions
de la France en politique étrangère et particulièrement dans le conflit du
Moyen-Orient? Qui sait ? Il n’est pas interdit d’espérer.