Energie : Bruxelles inclut Nabucco dans ses projets d’investissements

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é Manuel Barroso le 20 janvier 200ç à Bruxelles (Photo : Dominique Faget)

[28/01/2009 15:56:48] BRUXELLES (AFP) Bruxelles a proposé mercredi de consacrer 3,5 milliards d’euros de fonds européens à des projets énergétiques clés, comme le gazoduc Nabucco, pour éviter une répétition de la récente crise gazière russo-ukrainienne.

La Commission européenne a pris soin de répartir ces 3,5 milliards parmi tous les pays de l’UE, face à des gouvernements qui, en pleine crise économique, examinent avec scepticisme le financement de projets de long terme.

Bruxelles répète que trois semaines de coupure de gaz russe transitant par l’Ukraine ont rendu ces projets plus que jamais nécessaires.

“Nous devons tirer les enseignements de la récente crise gazière et investir lourdement dans l’énergie”, a plaidé le président de la Commission, José Manuel Barroso.

Autre argument pour obtenir le feu vert des pays européens à ces investissements: les 3,5 milliards – qui s’inscrivent dans une enveloppe plus large de 5 milliards d’euros non utilisés du budget de l’UE – doivent contribuer au plan de relance économique européen annoncé en novembre.

Souhaitant couper court aux inévitables comparaisons entre capitales, M. Barroso a assuré que les projets ne bénéficieraient pas seulement aux pays où ils sont financés.

“Si nous avons un marché intérieur de l’énergie, il sera possible en cas de problème dans un pays de venir à son aide”, a-t-il noté.

La crise russo-ukrainienne a mis en évidence les lacunes du réseau intérieur de gazoducs de l’UE, très fragmenté et techniquement peu flexible.

L’enveloppe de 3,5 milliards pour l’énergie comprend 1,73 milliard pour une vingtaine de grands projets de transport de gaz et d’électricité, reliant mieux les pays européens.

S’y ajoutent 1,25 milliard pour construire cinq sites de capture et stockage de carbone (en Allemagne, aux Pays-Bas, en Pologne, en Espagne et au Royaume-Uni), ainsi que 520 millions pour des projets d’éoliennes off-shore dans le nord de l’Europe, deux composantes du plan climat de l’UE.

Le projet de gazoduc Nabucco –qui doit être approvisionné en gaz non russe venant notamment de la mer Caspienne et transiter par la Turquie– est avec 250 millions le mieux doté de la liste des grandes infrastructures gazières.

“Nous ne disons pas que c’est notre projet préféré, mais sa dimension européenne apparaît clairement”, a souligné M. Barroso.

Contrairement aux autres projets de la liste, il ne jouira néanmoins pas d’une subvention directe. La somme doit être versée à la Banque européenne d’investissement (BEI), qui négociera des prêts avec les sociétés privées engagées dans le projet.

L’idée est de donner un coup de pouce à ce gazoduc de 3.300 km, qui nécessite des investissements colossaux (7,9 mds) et un approvisionnement en gaz encore loin d’être acquis.

Dans la même région, la Commission prévoit 100 millions pour le gazoduc turco-grec ITGI, qui évite aussi la Russie et doit être prolongé jusqu’en Italie.

Les pays baltes, qui forment “un îlot énergétique” en Europe, devraient bénéficier de 275 millions d’euros d’investissements pour les relier aux réseaux électriques finlandais et suédois.

La France, qui avait réclamé lundi qu’au moins 12% des investissements concernent directement son territoire, semble avoir été entendue.

Au total 450 millions d’investissements la concernent (gazoduc avec la Belgique, renforcement de son réseau gazier dans l’axe Afrique-Espagne, et interconnexion électrique avec l’Espagne).

Bruxelles, qui propose aussi de consacrer un milliard d’euros au développement de l’internet à haut débit dans les zones rurales, souhaite obtenir l’aval final des pays de l’UE lors de leur sommet du 19 et 20 mars.