Panneau de la Bourse de Londres le 8 septembre 2008 (Photo : Shaun Curry) |
[28/01/2009 16:12:08] MADRID (AFP) L’enquête sur une fraude boursière à Londres a abouti mercredi en Espagne à l’arrestation de six personnes accusées d’avoir spéculé sur la hausse, délibérément provoquée, des actions d’une holding, empochant au passage des centaines de millions d’euros.
Ces arrestations interviennent en plein débat sur la régulation des marchés, éclaboussés par les retentissants scandales Madoff aux Etats-Unis et Kerviel en France, au beau milieu du marasme financier international.
Elles sont liées à des opérations boursières suspectes autour de la holding d’investissements diversifiés Langbar International Ltd. entre 2003 et 2005, jadis baptisée Crown Corporation.
Ces opérations auraient masqué une escroquerie estimée à 600 millions de dollars (450 millions d’euros au cours actuel), objet depuis novembre 2005 d’une enquête de la justice britannique qui avait adressé une commission rogatoire à l’Espagne.
La police espagnole a annoncé dans un communiqué avoir interpellé six suspects présumés, à Madrid, Barcelone (nord-est) et Elche (sud-est), dont le principal responsable présumé de la fraude, sans dévoiler leurs identités.
Selon l’édition en ligne du quotidien El Pais, le cerveau de l’opération serait un ancien agent du Mossad, le contre-espionnage israélien. L’AFP n’a pu obtenir confirmation de cette information.
“A travers de complexes opérations commerciales et boursières, et des falsifications”, les personnes interpellées ont fait en sorte que les actions de Langbar “augmentent, sans dépôts de garantie, avant de s’enrichir en vendant par la suite frauduleusement leurs titres”, selon la police espagnole.
Celle dernière n’a pas mentionné le nom de l’entreprise visée, mais une source proche du dossier à Londres a indiqué qu’il s’agissait de Langbar, qui a ensuite elle-même confirmé à l’AFP que les arrestations en Espagne étaient liées à l’enquête la concernant.
Quand elle a entamé son activité boursière sur la Bourse de Londres en 2003, la holding “avait indiqué posséder des actifs d’une valeur de 219 millions d’euros”, selon la police espagnole.
“Plus tard, elle a annoncé des opérations financières, dont l’obtention d’une garantie sous forme de certificats de crédit internationaux d’une société bancaire brésilienne, dans le but de générer une augmentation de la valeur de ses actions”.
“L’enquête a permis de vérifier que l’entrée en Bourse de cette société et l’offre publique de ventes d’actions avaient été obtenues frauduleusement”, a ajouté la police espagnole, citant des informations du Serious Fraud Office (SFO), le service britannique qui enquête sur la délinquance en col blanc.
Les suspects ont également publié “de fausses annonces dans des médias spécialisés de Londres, afin de susciter un intérêt pour les actions” de Langbar. Ils ont ensuite revendu leurs propres titres au prix fort, empochant d’importantes plus-values au passage.
Les opérations boursières de Langbar avaient été suspendues le 12 octobre 2005, à la demande de la propre holding, selon un document du SFO daté du 29 novembre 2005.
Le 25 novembre 2005, Langbar avait alerté le gendarme de la Bourse de Londres qu’après audit, elle n’avait pu vérifier l’existence d’environ 370 millions de livres sterling qu’elle était censée avoir en dépôt chez le groupe financier néerlandais ABN Amro et à Banco do Brazil.
Langbar a par la suite poursuivi au civil l’ancien dirigeant de Crown Corporation, Mriusz Rybak et d’autres personnes qui ont accepté de lui rembourser 30 millions de livres en avril dernier, selon l’agence Dow Jones.