Energie : Bruxelles critiquée pour vouloir dépenser 3,5 milliards d’euros

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é Manuel Barroso le 20 janvier 200ç à Bruxelles (Photo : Dominique Faget)

[28/01/2009 18:05:53] BRUXELLES (AFP) Bruxelles a proposé mercredi de consacrer 3,5 milliards d’euros de fonds européens à des projets énergétiques clés dont Nabucco, pour éviter une nouvelle crise gazière et relancer l’économie, mais son plan a été immédiatement critiqué par de nombreux pays.

La Commission européenne a pris soin de répartir ces 3,5 milliards parmi tous les pays de l’UE, face à des gouvernements qui, en pleine crise économique, rechignent à financer des projets de long terme.

“Nous devons tirer les enseignements de la récente crise gazière et investir lourdement dans l’énergie”, a plaidé le président de la Commission, José Manuel Barroso, un discours qu’il a égrené tout au long de trois semaines de coupure de gaz russe transitant par l’Ukraine.

La Commission martèle aussi que ces 3,5 milliards – qui s’inscrivent dans une enveloppe plus large de 5 milliards d’euros non utilisés du budget de l’UE – contribueront au plan de relance économique européen annoncé en novembre.

Mais un premier examen mercredi après-midi au niveau des ambassadeurs de l’UE s’est transformé en concert de critiques et d’interrogations sur les projets retenus par Bruxelles, selon plusieurs sources diplomatiques.

De nombreuses délégations ont notamment mis en doute leur capacité réelle à contribuer à une relance rapide de l’économie. Seuls 76 millions d’euros de crédits de paiement sont prévus pour 2009.

“Il va être difficile d’avoir un accord d’ici le sommet européen de mars”, comme l’espère la Commission, a noté un diplomate européen. “Il y a très peu de soutien à ces propositions”, a insisté un autre.

M. Barroso a pourtant assuré que les projets ne bénéficieraient pas seulement aux pays où ils seraient construits.

“Si nous avons un marché intérieur de l’énergie, il sera possible en cas de problème dans un pays de venir à son aide”, a-t-il noté.

Les projets proposés par Bruxelles visent à combler les lacunes du réseau intérieur de gazoducs de l’UE mises en lumière par la crise gazière.

L’enveloppe comprend ainsi 1,73 milliard pour une vingtaine de grands projets de transport de gaz et d’électricité, reliant mieux les pays européens.

S’y ajoutent 1,25 milliard pour construire cinq sites de capture et stockage de carbone (en Allemagne, aux Pays-Bas, en Pologne, en Espagne et au Royaume-Uni), ainsi que 520 millions pour des projets d’éoliennes off-shore dans le nord de l’Europe. Deux composantes du plan climat de l’UE.

Le projet de gazoduc Nabucco – revenu au premier plan depuis la crise gazière car il doit réduire la dépendance de la Russie – est avec 250 millions le mieux doté de la liste des grandes infrastructures gazières.

Contrairement aux autres projets de la liste, il ne jouira néanmoins pas d’une subvention directe. La somme doit être versée à la Banque européenne d’investissement (BEI), qui négociera des prêts avec les sociétés privées engagées dans le projet.

L’idée est de donner un coup de pouce à ce gazoduc de 3.300 km, qui nécessite des investissements colossaux (7,9 mds) et un approvisionnement en gaz de la Caspienne encore loin d’être acquis.

Dans la même région, la Commission prévoit 100 millions pour le gazoduc turco-grec ITGI, qui évite aussi la Russie et doit être prolongé jusqu’en Italie.

Les pays baltes, qui forment “un îlot énergétique” en Europe, devraient bénéficier de 275 millions d’euros d’investissements pour les relier aux réseaux électriques finlandais et suédois.

Outre les projets énergétiques, Bruxelles propose aussi de consacrer un milliard d’euros au développement de l’internet à haut débit dans les zones rurales – un volet apparemment plus consensuel au sein de l’UE.