ésident du Forum économique mondial, le 28 janvier 2009 à Davos (Photo : Fabrice Coffrini) |
[28/01/2009 19:29:50] DAVOS (Suisse) (AFP) Grands patrons, chefs d’Etat et premiers ministres se sont retrouvés mercredi à Davos (Suisse) pour le Forum économique mondial, où l’habituelle autocélébration a laissé place à l’angoisse face à la récession qui menace la planète.
Signe des temps, les grandes figures de la banque américaine font profil bas cette année tandis que la nouvelle équipe au pouvoir à Washington brille par son absence.
Les vedettes de cette première journée ont été le Premier ministre chinois Wen Jiabao et son homologue russe Vladimir Poutine qui, dans des discours très semblables, ont souligné la responsabilité de la finance occidentale dans la crise actuelle et appelé à davantage de coopération internationale.
Wen Jiabao a souhaité “l’établissement d’un nouvel ordre économique mondial qui soit juste, équitable, solide et stable” et a critiqué le modèle américain basé sur l’endettement et la surconsommation.
Il s’est donné pour objectif une croissance de 8% pour 2009, alors que le FMI ne prévoit que 6,7%.
Vladimir Poutine a rappelé qu’il y a un an, à Davos, “les Américains soulignaient la stabilité fondamentale de leur économie”. “Aujourd’hui, les banques d’investissements, la fierté de Wall Street, ont pratiquement disparu”, a-t-il noté.
L’année dernière, la crise semblait effectivement cantonnée aux banques occidentales qui avaient joué avec les subprimes, et la Chine et l’Inde devaient sauver le monde de la récession.
Cette fois, tout le monde est concerné. “Nous sommes dans le même bateau”, a dit M. Poutine.
à Davos le 28 janvier 2009 (Photo : Fabrice Coffrini) |
Tandis qu’à Washington le Fonds monétaire international publiait de nouvelles prévisions de croissance sombres pour 2009, une étude du cabinet PricewaterhouseCoopers publiée à Davos montrait une chute brutale du moral des patrons dans le monde. Il y a un an, la moitié du millier de PDG interrogés se disaient “très confiants” dans une hausse de leur chiffre d’affaires. Ils ne sont désormais plus que 21% (étude réalisée au dernier trimestre 2008).
L’ambiance n’est plus à la fête dans la station suisse où le programme de cocktails et de soirées a été réduit. Si Davos reste un endroit où l’on vient avant tout faire des affaires en privé et enchaîner les rendez-vous de haut niveau dans les hôtels chics, le besoin de comprendre ce qui se passe dans le monde est cette fois palpable et les débats sur l’économie font salle comble.
Outre la récession elle-même, un autre thème revient sans cesse à Davos, haut lieu du libéralisme économique: le retour de l’Etat. Après avoir dépensé des milliards pour sauver les banques et soutenir l’économie, quelle marge de manoeuvre les gouvernements vont-ils laisser aux entreprises?
Autre thème fort: le retour du protectionnisme, un réflexe dénoncé haut et fort comme un risque pour la croissance mondiale mais qui apparaît bien tentant pour nombre de dirigeants politiques.
Une quarantaine de chefs d’Etat et de gouvernement sont attendus d’ici samedi à Davos.
Le reste de la semaine verra les interventions de la chancelière allemande Angela Merkel et du Premier ministre britannique Gordon Brown.
Côté paillettes, la balance penche fortement du côté de l’Asie avec la venue de la vedette chinoise des films d’arts martiaux Jet Li et de l’acteur indien Amitabh Bachchan, roi de Bollywood.
Mais Bono, le chanteur du groupe U2, qui venait chaque année plaider la cause des pays endettés d’Afrique, a cette fois fait l’impasse.