Environnement et milieu industriel en Tunisie

C’est le temps des projets verts, propres et sobres. Le
démarrage de l’élaboration du code de l’environnement, la préparation d’un
projet de loi sur la qualité de l’air et le début de révision des normes
environnementales tunisiennes à partir de 2007 ont coïncidé avec le lancement du
11ème Plan de développement économique et social dont l’un des volets
essentiels, assure une source au ministère du Développement et de la Coopération
internationale, est la lutte contre la pollution industrielle, la promotion de
grands projets respectueux de la qualité de la vie des citoyens et la mise en
œuvre de mécanismes de protection conformément aux normes en cours dans les pays
du Nord.

Dans ce cadre, les pouvoirs publics ont entamé une évaluation
environnementale stratégique du futur pôle de développement du Centre-est (Enfidha-Hergla),
censé revitaliser le sahel profond, du site prometteur d’Eskhira (gouvernorat de
Sfax) avec l’extension de son port commercial promis à une intense activité
pétrolière, de la région du golfe de Tunis, de Gabès et du bassin minier de
Gafsa.

Réhabilitation et dépollution

Le Centre-est avec la région touristique de Hergla, l’aéroport d’Enfidha, la
zone logistique de 2800 hectares et le port en eau profonde, prolongement
naturel d’une cité industrielle futuriste, va probablement entraîner des
changements économiques, sociaux et démographiques pour tout l’arrière-pays du
Sahel dont les forêts côtières, les caractéristiques écologiques spécifiques et
le réseau hydrologique font, à cet égard, l’objet d’études environnementales
afin d’éviter tout conflit avec les projets en cours de réalisation, d’assurer
la protection des écosystèmes fragiles, de protéger la région contre les
inondations et d’éviter aux nappes phréatiques le phénomène de la salinisation.

Concernant les unités industrielles, spécialisées dans la production des
engrais chimiques, le stockage du pétrole brut et le transport dans
l’agglomération de Skhira, un rapport du ministère de l’Environnement et du
Développement durable a mis l’accent sur la volonté de l’Etat de réduire
l’impact de ces activités sur la biodiversité de la région, de réaliser une
carte numérique des zones naturelles exceptionnelles et d’élaborer un programme
de travail pour garantir l’adéquation de l’infrastructure industrielle avec les
impératifs de l’efficacité environnementale.

Quant au golfe de Tunis où 20% des habitants de la capitale s’agglutinent
désormais autour de la superficie du grand Lac, les centrales d’électricité, les
diverses activités manufacturières, l’intense trafic maritime et les différentes
industries agroalimentaires pèsent, d’après le Centre international des
technologies de l’environnement de Tunis (CITET), de plus en plus sur
l’écosystème de la région, ce qui a nécessité l’identification des principales
sources de pollution et le financement, grâce au Fonds pour l’Environnement
mondial (FEM), d’un grand projet de transfert des eaux usées traitées sur place
vers l’intérieur du pays (Kairouan, Zaghouan) afin de recharger les nappes
phréatiques et irriguer les plantations fourragères dans ces deux gouvernorats à
vocation agricole.

Amélioration de l’état environnemental

C’est à Sfax, lieu de prédilection des principaux pôles industriels du pays
et concentration de grandes quantités de phosphogypse, que des mesures ont été
prises, au début de l’année 2006, pour l’aménagement des côtes nord de la ville
(projet de Taparura), la réalisation d’une nouvelle zone urbaine multifonctions
sur une superficie de 450 hectares allant du port commercial jusqu’au
périphérique, l’élimination des sédiments marins pollués et la création d’une
plage propre à la baignade près de la zone du Chaffar.

Pour la région minière de Gafsa, l’Etat a prévu la construction, depuis 2004,
aux environs de Metlaoui et de Medhila, d’un bassin de stockage des eaux
boueuses afin de les recycler de 30 à 35% pour une éventuelle utilisation dans
les lavoirs de phosphate. Entrés en exploitation durant l’année 2005-2006, ces
réalisations environnementales ont traité, d’après M. Slimane Ben Youssef,
chargé de la communication au ministère de l’Environnement et du Développement
durable, près de 7 millions de m3/an d’eaux boueuses, soit 63% du volume total
estimé à 11 millions de m3. D’ici la fin de l’année 2009, des projets similaires
seront finalisés dans la ville de Redaief, d’Oum-Arais et de Medhila 1 et 2, ce
qui permettra la revitalisation d’une grande quantité des eaux usées de la
région.

Finalement, la lutte pour une meilleure qualité de la vie est un combat de
longue haleine, appelant, à l’aube du nouveau millénaire, une coopération
bilatérale, régionale et multilatérale accrue entre les Etats engagés dans des
processus de développement durable et de stratégies de gestion environnementale.
Dans cette orientation, au cours des dernières années, la Tunisie a renforcé ses
liens avec l’Union européenne qui a intégré la composante écologique dans sa
Politique de Voisinage méditerranéenne à travers une réduction des taux
d’intérêt sur les prêts destinés au financement de la lutte contre la pollution
industrielle, l’érosion marine et la désertification.