L’immobilier américain s’enfonce encore, la construction neuve sinistrée

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à vendre à Batavia dans l’Illinois (Photo : Jeff Haynes)

[29/01/2009 17:30:29] WASHINGTON (AFP) Les ventes de logements neufs aux Etats-Unis ont plongé en décembre pour atteindre des niveaux jamais vus depuis près d’un demi-siècle, la faiblesse de la demande augurant mal d’une reprise prochaine.

Selon les chiffres publiés jeudi par le département du Commerce, les ventes de logements neufs ont chuté en décembre de 14,7% par rapport à novembre pour tomber à 331.000 unités (en rythme annuel) soit leur plus bas niveau depuis la première publication de cette statistique en 1963.

La baisse brutale de cet indicateur, pour le troisième mois de suite, a totalement surpris les analystes qui tablaient sur 400.000 ventes.

Sur l’ensemble de 2008, les ventes de logements neufs ont chuté de 37,8% aux Etats-Unis, pour tomber au plus bas depuis 17 ans, à 482.000. Dans l’ancien, un marché dix fois plus important, le recul des ventes a été de 13,1%, à 4,912 millions, selon des chiffres publiés en début de semaine.

Vu la faiblesse de la demande, le stock des logements neufs à vendre, bien qu’en baisse, représentait encore 12,9 mois de commercialisation au rythme des ventes de décembre, soit la durée la plus élevée jamais recensée.

Selon le ministère, le prix médian de vente a continué de reculer, de 6,0% par rapport au mois précédent, pour tomber à 206.500 dollars, au plus bas depuis décembre 2003.

Bien que les chiffres des ventes de logements neufs soient très volatils et peuvent être fortement révisés, “la tendance à la baisse devrait continuer”, estime Elsa Dargent, économiste de Natixis.

Les autorités américaines jugent que la reprise du secteur immobilier, par lequel est arrivée la crise, est capitale pour permettre un retour de l’économie à la croissance.

Mais les perspectives du secteurs sont moroses. Si nombre d’analystes estiment que les ventes et la construction ne devraient plus tomber beaucoup plus bas, ils se montrent beaucoup plus incertains quant à la date et au rythme d’une éventuelle reprise.

Les chiffres publiés il y une semaine par le département du Commerce ont montré que le nombre des mises en chantier de logements et de permis de construire délivrés aux Etats-Unis avaient continué de chuter en décembre, pour tomber au plus bas en un demi-siècle de publication de ces deux indicateurs.

La baisse des permis de construire accordés, supérieure à 50% sur un an, est particulièrement peu encourageante dans le mesure où elle donne une indication de la tendance à venir.

Les prix de l’immobilier n’ont pas encore trouvé de plancher sur l’essentiel du territoire américain.

Par ailleurs, le moral des constructeurs de logements, au plus bas depuis plusieurs mois ne cesse de se dégrader selon l’indice de l’Association des constructeurs de logements (NAHB) et de la banque Wells Fargo.

Le neuf est le secteur qui a le plus pâti de la crise de l’immobilier aux Etats-Unis, subissant une nette correction après des années de construction effrénée entre 2003 et 2007.

Brian Bethune, économiste du cabinet IHS Global Insight, notait récemment que la baisse des taux immobiliers provoquée par l’intervention du Trésor et de la Réserve fédérale sur les marchés était bienvenue pour amortir la chute de la demande.

Mais une étude récente a montré que dans la plupart des cas, les Américains utilisaient cette baisse pour refinancer des emprunts immobiliers existants à des taux plus avantageux, plutôt que pour acquérir de nouveaux biens.