L’acier “made in USA” privilégié : du protectionnisme dans la relance

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[29/01/2009 17:53:51] WASHINGTON (AFP) L’immense plan de relance économique adopté par la Chambre des représentants américaine a suscité à l’étranger la crainte que les Etats-Unis choisissent la voie du protectionnisme face à la crise économique, car il prévoit de n’employer que des métaux “made in USA”.

L’article en question, noyé dans un projet de loi de près de 650 pages voté mercredi, interdit l’achat de fer ou d’acier étranger pour les projets d’infrastructures financés par le plan de relance.

A moins que l’offre d’acier américain ne suffise pas, ou que son prix augmente la facture finale du projet de plus de 25%.

La mise en oeuvre d’une telle clause est encore loin d’être certaine. La chambre haute du Congrès américain, le Sénat, travaille sur sa propre version du texte, et les parlementaires devront ensuite plancher sur un compromis.

Le président Barack Obama les a exhortés à adopter rapidement ce texte mobilisant 819 milliards de dollars, pour créer ou sauvegarder entre 3 et 4 millions d’emplois.

La clause controversée n’est pas passée inaperçue en Europe, où l’on craint une nouvelle “guerre de l’acier”, en référence à celle perdue en 2003 par Washington devant l’Organisation mondiale du commerce (OMC).

“Il y a une chose dont nous sommes absolument sûrs, c’est que si une loi est votée qui interdit la vente ou l’achat de produits européens sur le territoire américain, nous ne pourrons pas l’ignorer et rester les bras croisés à ne rien faire”, a affirmé le porte-parole de la Commission européenne pour le Commerce, Peter Power.

M. Power a estimé qu’il serait “prématuré” d’envisager une procédure avant l’adoption définitive de la loi.

Le sous-secrétaire italien au Commerce extérieur, Adolfo Urso, a déjà réclamé la préparation d’une plainte devant l’OMC, considérant que la clause “viole ouvertement les lois du libre échange et les règles fondamentales de l’OMC”.

Le ministre canadien de l’Industrie, Tony Clement, a déclaré que le premier partenaire commercial de Washington s’attendait “à ce que les Etats-Unis respectent leurs obligations en matière de libre échange”.

Le Canada, lié aux Etats-Unis par l’Accord de libre échange nord-américain (Alena), y exporte 40% de son acier.

La Chine, autre grand producteur mondial de métaux, n’avait pas réagi jeudi.

L’idée d’une préférence nationale dans les métaux avait été émise par les sidérurgistes américains au début du mois. Cette industrie souffre actuellement de l’effondrement de deux de ses grands marchés traditionnels, la construction et l’automobile, en première ligne dans la récession américaine.

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étaire aux Transports américain Ray LaHood à Washington (Photo : Jim Watson)

Elle ne veut pas voir lui échapper les marchés de ce qui devrait être le plus vaste projet de modernisation des infrastructures publiques américaines depuis les années 1950.

La mesure fait débat au niveau national. Si elle a été applaudie par les syndicats, elle a été critiquée par la Chambre américaine du Commerce. Son directeur des marchés publics, Chris Braddock, avait estimé mardi que “cela ferait du tort à [l’économie américaine] de nombreuses manières”, en incitant d’autres pays à suivre ce mauvais exemple.

La polémique intervient à un moment de crispation dans les relations commerciales entre les Etats-Unis et l’Europe.

Le 15 janvier, alors que s’achevait le mandat de George W. Bush, Washington avait décidé de tripler ses droits de douane sur le roquefort, en rétorsion de l’interdiction du boeuf aux hormones américain sur le marché européen. Et le lendemain, les Etats-Unis portaient plainte devant l’OMC afin d’obtenir l’autorisation de la volaille américaine désinfectée avec des solutions chlorées dans l’UE.