Bernard Madoff (Photo : Don Emmert) |
[29/01/2009 18:08:42] NEW YORK (AFP) Un financier comparait à Long Island, un autre se rend au FBI en Floride, un troisième a grugé la communauté haïtienne: après l’arrestation en décembre de Bernard Madoff, accusé d’une fraude portant sur quelque 50 milliards de dollars, les émules prolifèrent aux Etats-Unis.
Arrêté lundi dernier par la police fédérale (FBI), Nicholas Cosmo, 37 ans, PDG de la société Agape World Inc, a comparu jeudi devant un tribunal de Long Island (New York, nord-est). Accusé d’une fraude pyramidale de 370 millions de dollars, le juge devait décider de prolonger son incarcération ou de le libérer sous caution.
Il aurait escroqué quelque 1.500 investisseurs, qui étaient convaincus que leurs fonds serviraient à obtenir des prêts commerciaux lucratifs. Selon l’accusation, tout l’argent était utilisé pour fournir des retours sur investissements fictifs aux précédents investisseurs, une manipulation appelée “schéma de Ponzi”.
Depuis plusieurs semaines les affaires de ce genre se multiplient, aucune n’arrivant à la cheville de l’escroquerie mondiale orchestrée pendant des décennies par “Bernie” Madoff, le financier new-yorkais de 70 ans arrêté le 11 décembre dernier. L’homme d’affaires est actuellement en liberté sous caution, assigné à résidence dans son luxueux appartement de Manattan dans l’attente du procès.
Selon ses propres dires, M. Madoff a berné des dizaines de clients parmi lesquels des banques prestigieuses, de grosses fortunes et des organisations caritatives pour un total de quelque 50 milliards de dollars.
Certains cas sont rocambolesques. Ainsi Arthur Nadel, un gestionnaire de fonds de 76 ans, s’est livré à la police mardi à Tampa (Floride, sud-est), après avoir disparu près de deux semaines, depuis le 14 janvier.
Dirigeant de Scoop Management Inc, il a été accusé par le régulateur boursier américain, la SEC, de fraude en relation avec six fonds spéculatifs dont il était le principal conseiller. Il avait aussi transféré récemment au moins 1,25 million de dollars provenant de deux de ces fonds sur un compte secret.
Avant de disparaître, il aurait laissé une lettre à sa famille expliquant qu’il allait se suicider car il avait fait perdre des millions de dollars à ses clients et craignait qu’ils ne veuillent le tuer. C’est pourquoi, assurait-il, il préférait le faire lui-même.
Mise à l’index pour sa passivité et ses négligences dans l’affaire Madoff, la SEC est devenue extrêmement active. Ainsi a-t-elle également annoncé fin décembre avoir mis un coup d’arrêt à une fraude pyramidale qui avait permis de recueillir quelque 23 millions de dollars auprès de plusieurs milliers d’investisseurs d’origine haïtienne à travers le pays.
Le responsable présumé de la fraude, George Theodule, est accusé d’avoir lancé l’entreprise en novembre 2007, à travers les sociétés Creative Capital Consortium et A Creative Concept, en promettant un retour sur investissement de 100% dans les 90 jours.
M. Theodule aurait par ailleurs détourné au moins 3,8 millions de dollars à son propre bénéfice et à celui de sa famille.
En dépit de ces récents excès de zèle, de hauts responsables de la SEC qui comparaissaient mardi devant une commission bancaire du Sénat américain n’ont pas su fournir d’explications plausibles à tous les manquements des régulateurs dans le cas Madoff.