Typik, une histoire de goût

typik-1.jpgHuile
d’olive, crème de légumes, harissa traditionnelle, confiture au jasmin,
crème d’olives, citrons confits, vinaigre aromatisé,… Ce n’est pas une
recette de plat traditionnel mais quelques produits de la marque «Typik»

saveurs et tradition.

La gamme se compose de plus de 30 produits. Ils sont très vite
identifiables grâce à un beau packaging très tendance. C’est d’ailleurs
grâce à ces produits tout de vert vêtus que je me retrouve dans les locaux
de cette entreprise, lancée en 2003.

Le bureau de la jeune patronne de Typik se trouve en mezzanine, dans son
usine de La Soukra. Un univers de femmes, où leur nombre varie en fonction
des saisons. Au milieu d’écrins et de boîtes cartonnés, de bouteilles design
et couvertes de cuivre martelé à la main, d’étiquettes, de bouteilles, de
bocaux, de boîtes et de nombreux échantillons; elle m’offre généreusement
une tasse d’un thé de grande qualité. Ses tasses sont fines, assorties à son
univers vert pomme. Son sens du détail la révèle et son obsession de qualité
la dévoile.

Passionnée de photos, la jeune femme sillonne les coins et recoins du
pays à la recherche de fraises goûteuses, de thym sauvage, de poivrons
parfumés, de figues de coings matures, de jasmin odoréfiant… Énergique, elle
est intarissable sur le sujet. «Je choisis mes produits grain par grain,
fraise par fraise et piment par piment. Je fais le tour des producteurs,
élimine les pesticides, et tente de les éveiller à mes besoins et de les
fidéliser à mes exigences. Les récoltes rythment mon unité de production. Je
vis au temps des condiments, puis vient la période des olives, puis me
prépare aux eaux distillées de rose, de néroli ou de romarin.. C’est une
aventure fabuleuse ! Je m’acharne à retrouver les goûts et la qualité
d’antan…
».

Ingénieure formée aux écoles françaises, Selima Abbou (SA) se doute bien
-après une enrichissante expérience dans l’agroalimentaire pour le compte
des restaurants «chiko’s» pour la marque «Mliha»-, que remettre à la mode
les produits du terroir tunisien, en reconstituant certaines recettes qui se
perdent, est un créneau d’avenir. La jeune femme avoue aimer «le bon
grâce à son papa et le beau grâce à sa maman
».Visionnaire, elle rêve de
commerce équitable et pense à une gamme issue de la culture biologique.

Ses produits sont distribués dans les hypermarchés Carrefour, Monoprix et
à l’aéroport. Initialement destinée au marché local et aux amateurs de bon
goût, la marque se crée un passage vers l’export, obtient un plan FAMEX et
participe aux salons spécialisés. De nouveaux horizons se dessinent.

Aujourd’hui, Typik exporte environ 20% de sa production en France, au
Japon, et en Italie. Elle affiche un chiffre d’affaires de deux cent mille
dinars. Dans ses laboratoires, on dose, adapte, et goûte, …

On y lutte surtout, au fil des récoltes, pour la maîtrise de la qualité
et sa constance. Dans ce secteur, «quand les règles de l’art de toute la
chaîne (de la production, à la cueillette, en passant par l’élaboration)
sont respectées, les résultats sont fabuleux
», résume SA.

Par la mise en valeur de ce patrimoine, c’est sa protection qu’elle
engage. Loin de se douter que la mise en lumière d’un savoir-faire en
souffrance allait la conduire sur des chemins encore plus inattendus et
exigus, la jeune femme place le plaisir au cœur de sa démarche. Typik est
avant tout et surtout une affaire de cœur et de plaisirs. Ses exigences de
qualité et la médiocre réalité de l’offre la poussent à redoubler d’efforts
pour passer à la vitesse supérieure. L’aventure de la production exclusive
s’impose. Typik glisse de l’univers de l’alimentaire à celui du gourmet.

Désormais Sélima partage le quotidien des femmes et découvre leur
patience et leurs souffrances. Le monde rural et agricole tunisien est
principalement féminin. Elle y tisse des liens, y découvre des richesses
insoupçonnées et se découvre une passion, bien loin de son univers citadin
et de ses études complexes.

«A l’aéroport, nous faisons un carton ! Nos traditions locales sont un
terreau fertile. Je m’en rends compte tous les jours. Dommage, nous ne
l’exploitons pas suffisamment», lâche Selima Abbou, non sans une pointe de
regret. Consciente qu’il faut davantage centrer ses efforts sur un «trip
plus culture, plus plaisir et art de vivre
».

Le moindre produit de Typik raconte une histoire. Celle d’un patrimoine
qu’on ignore. Un patrimoine à découvrir.

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