Fortis : BNP et l’Etat belge font un geste pour amadouer les actionnaires

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ège de la banque Fortis à Bruxelles, le 6 octobre 2008 (Photo : John Thys)

[30/01/2009 07:53:46] BRUXELLES (AFP) L’Etat belge et BNP Paribas ont tenté vendredi d’apaiser la colère des petits actionnaires de Fortis en remaniant l’accord sur la vente de l’ex-fleuron financier belgo-néerlandais au groupe français, avec des concessions sur l’assurance et les actifs à risque.

Le nouveau compromis, annoncé au petit matin par le gouvernement belge après une nuit de négociations, constitue un nouveau rebondissement dans un feuilleton entamé fin septembre, en pleine tempête financière, et qui a déjà conduit à la démission d’un Premier ministre, Yves Leterme.

Il vise à sauver le rachat par BNP Paribas de 75% de Fortis Banque, première banque belge, nationalisée provisoirement en octobre pour éviter la faillite.

Les actionnaires belges de l’ancienne maison mère Fortis Holding, furieux du démantèlement orchestré par l’Etat belge, menacent en effet de tout bloquer lors d’une assemblée générale imposée par la justice et prévue le 11 février.

Pour les amadouer, BNP a finalement renoncé à racheter 100% des activités belges d’assurance de Fortis et se contentera d’une participation minoritaire de 10%. Logiquement, sa facture a aussi baissé, à 550 millions d’euros contre 5,5 milliards initialement.

Les actionnaires critiquaient aussi le fait qu’un portefeuille d’actifs à risque, que BNP refusait de reprendre, soit laissé essentiellement à la charge de la holding.

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énéral de BNP Paribas, Baudoin Prot, le 5 novembre 2008 à Paris (Photo : Eric Piermont)

Cette dernière verra sa part ramenée de 4,1 à 1 milliard d’euros, et BNP la sienne relevée de 10% à 12%. Le gros du financement (6,5 milliards d’euros) sera assuré par Fortis Banque, avec une garantie de l’Etat belge jusque 5 milliards.

Fortis Holding aura également un droit sur les éventuelles plus-values que l’Etat belge réalisera en revendant les actions BNP avec lesquelles le groupe français veut payer Fortis Banque.

Après l’opération, la Belgique sera encore actionnaire à 25% de la banque belge, et à environ 11,6% de BNP.

Les soucis de Fortis avaient débuté en septembre. Soucieux d’éviter une catastrophe économique et sociale, les Etats du Benelux avaient alors négocié dans l’urgence un renflouement du groupe puis la vente par appartements de ses meilleurs actifs.

Les Pays-Bas avaient nationalisé l’essentiel des activités néerlandaises, et BNP devait prendre le contrôle des actifs belges.

Mais les petits actionnaires, furieux de voir leurs actions s’effondrer et leur groupe réduit à une coquille presque vide contenant surtout des actifs à risque, ont alors multiplié les recours en justice.

Mi-décembre, la Cour d’appel de Bruxelles a exigé que les actionnaires belges votent en assemblée générale sur les opérations ayant conduit au démantèlement. En attendant, elle a gelé les transactions avec BNP.

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ès avoir présenté la démission de son gouvernement, le 24 décembre 2008 à Bruxelles (Photo : Dirk Waem)

L’affaire Fortis, rebaptisée pour l’occasion “Fortisgate”, a déjà fait chuter juste avant Noël Yves Leterme, artisan du démantèlement mais dont l’entourage était accusé de pressions sur la justice. Une commission d’enquête parlementaire a été mise sur pied pour faire la lumière sur ce dossier.

Pour limiter les nouveaux dégâts que provoquerait un vote négatif des actionnaires, l’Etat belge a préféré cette fois renégocier avec BNP.

L’impulsion a été fournie mardi par un rapport d’experts mandatés par la Cour d’appel pour aider les actionnaires à se décider.

S’ils validaient dans les grandes lignes le démantèlement de Fortis, rendu inévitable par la crise financière, ils recommandaient de renégocier certaines modalités des transactions.

Mais le dernier mot reviendra aux actionnaires. Et la Belgique et BNP ne seront peut-être pas les seuls à devoir rendre des comptes : des actions en justice ont aussi été intentées ou sont en passe de l’être contre l’Etat néerlandais.