ège de la banque Fortis à Bruxelles, le 6 octobre 2008 (Photo : John Thys) |
[30/01/2009 13:10:35] BRUXELLES (AFP) L’Etat belge et BNP Paribas ont tenté vendredi, apparemment sans grand succès, d’apaiser la colère des petits actionnaires de Fortis en remaniant l’accord contesté sur la vente partielle de l’ex-fleuron financier belgo-néerlandais au groupe français.
Le nouveau compromis, annoncé par le gouvernement belge après une nuit de négociations, comprend des concessions sur l’assurance et les actifs à risque.
Il s’agit du dernier rebondissement d’un feuilleton entamé fin septembre, en pleine tempête financière, et qui a déjà fait chuter un Premier ministre, Yves Leterme.
L’accord vise à sauver le rachat prévu par BNP Paribas de 75% de Fortis Banque, première banque belge, nationalisée provisoirement en octobre pour éviter une faillite.
Les actionnaires belges de l’ancienne maison-mère Fortis Holding, furieux du démantèlement orchestré par l’Etat belge, menacent en effet de tout bloquer lors d’une assemblée générale imposée par la justice et prévue le 11 février.
BNP a finalement renoncé à racheter 100% des activités belges d’assurance et se contentera d’une participation minoritaire de 10%. Il paiera aussi beaucoup moins, 550 millions d’euros contre 5,5 milliards initialement.
énéral de BNP Paribas, Baudoin Prot, le 5 novembre 2008 à Paris (Photo : Eric Piermont) |
Les actionnaires se plaignaient aussi qu’un portefeuille réunissant les actifs à risque soit laissé essentiellement à la charge de la holding.
Cette dernière verra sa part ramenée de 4,1 à 1 milliard d’euros, et BNP la sienne relevée de 10% à 12%. Le gros du financement (6,5 milliards d’euros) sera assuré par Fortis Banque, avec une garantie de l’Etat belge jusque 5 milliards.
Fortis Holding touchera aussi une partie des plus-values que l’Etat belge réalisera en revendant les actions BNP avec lesquelles le groupe français veut payer Fortis Banque.
Après l’opération, la Belgique détiendra 25% de Fortis Banque et 11,6% de BNP.
Les soucis de Fortis avaient débuté en septembre. Soucieux d’éviter une catastrophe économique et sociale, les Etats du Benelux avaient dans l’urgence renfloué le groupe, puis décidé de vendre ses meilleurs actifs.
Les Pays-Bas avaient nationalisé l’essentiel des activités néerlandaises, et BNP devait prendre le contrôle des belges.
Mais les petits actionnaires, furieux de voir leur titres chuter et le groupe réduit à une coquille presque vide, ont multiplié les recours judiciaires.
ès avoir présenté la démission de son gouvernement, le 24 décembre 2008 à Bruxelles (Photo : Dirk Waem) |
Mi-décembre, la Cour d’appel de Bruxelles a exigé que les actionnaires belges votent sur les opérations de démantèlement, et gelé en attendant les transactions avec BNP.
Le “Fortisgate” a déjà fait chuter juste avant Noël Yves Leterme, artisan du démantèlement mais dont l’entourage était accusé de pressions sur la justice. Une commission d’enquête parlementaire doit faire la lumière sur ce dossier.
Pour limiter les nouveaux dégâts que provoquerait un vote négatif des actionnaires, l’Etat belge a préféré cette fois renégocier avec BNP, sur la base d’un rapport publié mardi par des experts mandatés par la Cour d’appel.
Le vote des actionnaires reste loin d’être acquis malgré les concessions annoncées vendredi.
“Je crains qu’en l’état actuel des choses ce sera toujours non”, a prévenu l’un de leurs avocats, Mischaël Modrikamen, jugeant les concessions “de prime abord insuffisantes”.
“Jusqu’à présent, on a fait beaucoup de cosmétique politique et le résultat pour l’actionnaire a été extrêmement faible”, a aussi jugé Pierre Nothomb, du cabinet de conseil Deminor, qui soutient aussi les petits actionnaires.