La Russie affirme tenir fermement les rênes du rouble

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à Moscou, le 24 octobre 2008 (Photo : Alexey Sazonov)

[30/01/2009 14:24:11] MOSCOU (AFP) Les autorités russes ont certifié vendredi qu’elles tenaient toujours bien en main les rênes du rouble, en dépit de la défiance que suscite son nouvel accès de faiblesse, qui se conjugue à une nouvelle salve de mauvaises nouvelles économiques et sociales.

Le rouble ne cesse ces dernières semaines d’enfoncer de nouveaux planchers historiques face au dollar et à l’euro. Il leur a cédé plus de 7% au cours de la semaine, alors que la Banque centrale de Russie (BCR) avait annoncé le 22 janvier qu’elle mettait fin à sa politique de dévaluation progressive.

Il ne cotait plus vendredi que 40,20 roubles face au panier euro-dollar qui sert de référence à la banque centrale (soit -32% depuis début novembre).

Il se trouve donc déjà tout près du plancher de 41 roubles que la BCR s’est engagée à défendre, si nécessaire en puisant à nouveau dans ses réserves de devises, et les analystes ne voient pas de raisons que cette baisse s’interrompe.

Pire, si la banque centrale ne parvenait pas à convaincre les spéculateurs de sa “détermination” à défendre ce seuil, il y aurait “un danger que le rouble s’effondre”, note Ulrich Leuchtmann, analyste de la Commerzbank à Londres.

Moins alarmiste, Natalia Orlova, analyste de la banque russe Alfa, estime toutefois que “le niveau de 41 roubles face au panier risque de ne de pas être tenable si la dégradation budgétaire et monétaire se poursuit”.

Le premier vice-Premier ministre russe Igor Chouvalov, s’exprimant vendredi devant le Parlement, s’est pourtant voulu rassurant.

“Nous avons dit que nous ne permettrions pas de variations brusques du cours du rouble, que la situation resterait sous contrôle (…) Je peux dire que, pour l’instant, toutes ces promesses ont été tenues”, a-t-il dit.

Les responsables russes répètent que leur politique de dévaluation progressive a laissé le temps à la population et aux entreprises de s’adapter à la nouvelle donne économique et de préserver leur épargne, à l’inverse de ce qui s’était produit pendant la grave crise de 1998.

Selon M. Chouvalov, il ne faut pas d’ailleurs attendre d’inflexion de la politique monétaire de la Russie dans l’immédiat : “aucune décision (en ce sens) n’est attendue”, a-t-il dit.

Mais le premier vice-Premier ministre n’a pas fait mystère des difficultés qui attendent la Russie, tandis que certains responsables russes avaient un temps plutôt donné l’impression de vouloir relativiser la gravité de la crise.

“La crise va durer trois ans et 2009 sera l’année la plus difficile”, a déclaré M. Chouvalov.

“Dans l’ensemble, la situation en 2009 sera assez dure. Cela ne veut pas dire que nous nous attendons à ce que la situation échappe à notre contrôle. Mais nous devons garder à l’esprit qu’elle est sensiblement différente de celle qui prévalait avant le mois d’août 2008”, a-t-il ajouté.

De fait, en Russie comme ailleurs, les mauvaises nouvelles pleuvent, et la plupart des économistes lui pronostiquent une véritable récession en 2009, même si le gouvernement évoque pour sa part un taux de croissance de 0 ou -0,2%.

Le taux de chômage a bondi de 7% à 7,7% au cours du seul mois de décembre, ce qui représente une hausse du nombre des demandeurs d’emploi de plus d’un demi-million.

Enfin, le ministre des Finances, Alexeï Koudrine, a admis vendredi que les recettes du budget 2009 seraient inférieures d’un tiers à celles initialement attendues, ce qui pourrait être se traduire selon le quotidien Vedomosti par un déficit de plus de 7% de son PIB, du jamais vu depuis 10 ans pour la Russie.