[30/01/2009 17:48:08] PARIS (AFP)
éma explicatif de l’EPR |
La décision de construire un deuxième réacteur nucléaire EPR en France, voire un troisième, renforce la prédominance de l’atome dans l’Hexagone, un choix contesté par les écologistes et qui suscite des interrogations chez certains experts dans un pays déjà à 80% nucléaire.
Le président de la République Nicolas Sarkozy a annoncé jeudi soir la construction d’un deuxième réacteur à eau pressurisée à Penly (Seine-Maritime), à laquelle GDF Suez sera associé pour une part minoritaire aux côtés d’EDF. L’Elysée a aussi laissé entendre que pourrait être chargé de la construction d’un troisième EPR en France.
EDF construit déjà un prototype de ce réacteur de troisième génération à Flamanville, en Normandie. Le chantier a connu des ratés et devrait s’achever avec plusieurs mois de retard. Sa facture s’est elle alourdie de plus de 20% à 4 milliards d’euros.
Et la construction d’un 2e EPR français devrait coûter au moins 10% plus cher, selon EDF.
Depuis juillet, l’électricien français militait tous azimuts pour en décrocher l’attribution, espérant ainsi jouer sur “l’effet de série” pour faire des économies d’échelle sur les prochains réacteurs.
A ses côtés, EDF a pu compter sur le soutien de la CGT qui se bat pour que le nucléaire français reste au sein du secteur public.
Très écouté, le syndicat a encore fait la preuve de sa puissance mi-janvier en arrêtant 10% de la production électrique française à l’occasion d’un mouvement de grève.
Mais le grand concurrent d’EDF, le nouveau géant de l’énergie GDF Suez, estimait lui aussi avoir besoin d’un EPR pour mener à bien ses projets d’expansion dans le nucléaire à l’international. Le groupe s’était assuré le concours de Total et avançait qu’il aurait été contraire au mouvement d’ouverture à la concurrence d’attribuer deux EPR au mastodonte du secteur.
énérale du site de construction de l’EPR, le 11 octobre 2008, près de la centrale de Flamanville dans la Manche (Photo : Kenzo Tribouillard) |
Faute de choisir entre GDF Suez et EDF, le chef de l’Etat semble donc avoir décidé de satisfaire les deux, quitte à susciter la fureur des écologistes.
“C’est une logique de copinage où l’on contente tous nos gros industriels pour leur permettre d’aller faire leurs affaires à l’étranger”, dénonce Frédéric Marillier, chez Greenpeace France, qui souligne la contradiction d’une telle décision avec les logiques du Grenelle de l’Environnement.
“La construction d’un nouvel EPR empêchera la France de respecter son engagement européen de 20% d’énergies renouvelables dans la consommation finale d’énergie en 2020”, souligne ainsi le réseau Sortir du nucléaire.
Les écologistes estiment que les milliards du nucléaire auraient pu être dépensés plus utilement pour favoriser les économies d’énergie. Ils pointent en outre l’absence de concertation et de débat démocratique et dénoncent un processus “digne des années 1970” où tout est décidé à l’Elysée.
Avant de lancer la construction d’un EPR (le 1er au monde) sur son territoire, la Finlande avait ainsi lancé un vaste débat public, suivi d’un vote au Parlement et au niveau municipal.
Les 58 réacteurs français, d’une moyenne d’âge de 22 ans, n’ont pas besoin d’être remplacés à court terme, EDF envisageant de prolonger leur durée de vie à 60 ans.
Finalement, les EPR auraient surtout un intérêt en cas de développement de la voiture électrique ou pour exporter vers nos voisins européens. En 2008, les exportations françaises d’électricité sont tombées au plus bas depuis 1990.