Dix banques euroméditerranéennes lancent vingt projets multilatéraux

Concrétisant le protocole d’intention conclu le 7 juillet
dernier à Paris, en marge du premier Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement
créant l’Union pour la Méditerranée, dix établissements financiers (1),
prochainement rejoints par la Banque africaine de développement (BAD), ont
signé, le 30 janvier à Paris, un protocole d’accord prévoyant la mise en oeuvre
de vingt projets concrets. Le comité stratégique, actuellement présidé par
Bernard Comolet, président du directoire de la Caisse Nationale des Caisses d’Epargne,
s’est en effet engagé à consolider les travaux réalisés par les établissements
signataires depuis juillet dernier dans l’optique de faciliter l’épargne des
migrants, d’abaisser le coût des transferts, de favoriser le financement des PME
et des infrastructures. Au cours de l’année 2009, l’étude de la mise en place
d’une structure permanente, qui pourrait s’inspirer du modèle d’association
existant aujourd’hui dans le domaine aérien, sera également réalisée.

Les résultats des travaux menés depuis juillet dernier ont été approuvés par
le comité stratégique. Représentant la coprésidence franco-égyptienne de l’Union
pour la Méditerranée, Monsieur Henri Guaino, Conseiller Spécial du Président de
la République française et Chef de la Mission interministérielle de l’Union pour
la Méditerranée (UPM), et Son Excellence Nassel Kamel, ambassadeur de la
République arabe d’Égypte en France, ont assisté à la présentation à la presse
de ces travaux. Ils ont salué l’initiative des établissements signataires qui
participe à l’affirmation concrète de la réalité géographique, culturelle et
économique de la Méditerranée.

Les vingt projets arrêtés par le comité stratégique portent principalement
sur : les transferts financiers; les produits bancaires, d’assurance et
immobiliers; le support et l’assistance des PME ; le financement de grands
projets et d’infrastructures. Chacun des cinq groupes de travail qui ont été mis
en place depuis cet été et qui ont proposé les projets était présidé par une
banque : Attijariwafa bank (Maroc) pour les produits de crédit, d’immobilier,
d’assurance, de services ; la BIAT (Tunisie) pour les comptes de dépôt et les
produits d’épargne; la CECA (Espagne) pour les transferts ; le Groupe Caisse d’Epargne
(France) pour le financement d’infrastructures et de projets; Intesa Sanpaolo
(Italie) pour le support et l’assistance des entreprises. Le Groupe Caisse d’Epargne
français, qui a joué un rôle pivot dans l’initiation de ce groupe bancaire,
assurait également le management global des travaux.

Deux projets ont une nature transverse :

– envisager, dans la mesure du possible et si cela s’avère utile, la création
d’une identification propre, via une structure juridique permanente et une
dénomination de marque ;

– envisager, dans la mesure du possible et si cela s’avère utile, la création
d’un catalogue partagé des produits que chaque membre proposera aux migrants,
mis en ligne sur un site Internet commun.

Les projets visant à favoriser les transferts financiers :

– mise en oeuvre d’une plate-forme efficace, ouverte et flexible, d’envoi de
fonds des migrants, fondée sur l’exemple de la plate-forme Bravo de la
Confédération espagnole des caisses d’épargne (CECA) ;

– travailler sur une base « compte à compte » entre les parties afin de
réduire les tarifs des transferts entre elles ;

– mise en oeuvre de solutions de transfert de « carte bancaire à carte
bancaire » sur différents corridors de la zone.

Les projets ayant trait aux produits bancaires, d’assurance et immobiliers :

– jumelage, dans la mesure du possible, d’un produit d’épargne au Nord avec
un produit d’épargne au Sud, avec les mêmes avantages en monnaie locale
convertible ;

– définition de stratégies conjointes afin de gagner de nouveaux clients à
travers la définition de processes ;

– possibilité de proposer des produits « cobrandés », dans un premier temps
immobiliers, incluant un plan d’épargne ad hoc et des solutions de crédits
transfrontaliers;

– extension du système de fidélisation S’Miles – programme français
multienseigne, parmi lesquelles la Caisse d’Epargne –, aux pays du Sud, et
développement d’autres formules de fidélisation ;

– distribution d’un pack pour les étudiants originaires du Sud s’installant
en Europe.

Les projets favorisant le financement des PME :

– facilitation de la mise en relation de points d’entrée unique (desks), en
prenant exemple sur le Centre de soutien à l’internationalisation d’Intesa
Sanpaolo. Les desks auront pour missions : le soutien au développement
international des PME, l’accompagnement des migrants qui souhaitent créer leur
entreprise ou investir dans des microentreprises dans leur pays d’origine;

– utilisation de modèles de crédit spécialisé avec la garantie de divers
acteurs (BEI, AFD,Confidi…) pour mieux financer les PME;

– facilitation des échanges d’informations sur les opportunités d’affaires et
création, à terme, d’une plate-forme commune;

– signature d’un accord multilatéral pour faciliter le développement des PME
clientes à travers : des ouvertures de comptes croisées et des possibilités de
financement accrues ; l’utilisation de garanties; le développement des flux
internationaux des entreprises clientes des partenaires.

Les projets portant sur le financement d’infrastructures et de grands projets

Un protocole spécifique a été signé (2) afin de favoriser de tels
financements, tout en partageant les risques. Ce protocole prévoit :

– en amont, l’institutionnalisation d’un échange d’informations entre les
partenaires, incluant la BEI et l’AFD;

– lorsqu’un des partenaires est arrangeur sur un dossier, il consultera les
autres signataires pour qu’ils participent au financement;

– lorsqu’un des partenaires est conseiller financier d’une entité publique ou
privée à la recherche d’un financement, il s’engage à en informer les autres
parties et à leur proposer de rejoindre un syndicat de banques;

– lorsqu’un des partenaires est investisseur direct ou indirect (via un fonds
qu’il gère) d’un projet nécessitant d’importants financements, il s’engage à
mettre tout en oeuvre pour associer les autres signataires au projet;

– les partenaires feront leurs meilleurs efforts pour développer les
investissements ou coinvestissements dans des fonds d’investissement.

Les établissements signataires ont convenu d’un programme de travail pour
2009 avec la réalisation des vingt projets qu’ils ont arrêtés. Par ailleurs,
sera lancée l’étude de la forme que pourrait éventuellement prendre cette
alliance. D’ores et déjà, un comité stratégique rassemblant l’ensemble des
présidents ou directeurs généraux est mis en place. Il est chargé d’impulser la
dynamique de l’alliance, de valider l’ensemble des programmes et projets. Sa
présidence, aujourd’hui confiée à Bernard Comolet, président du directoire de la
CNCE, sera tournante, assumée par la banque du pays accueillant la réunion
annuelle du comité. Un comité directeur est chargé de l’animation des équipes en
charge des travaux et de leur suivi. A sa tête, un président est désigné par le
comité stratégique, chaque année : Michel Gonnet, président du directoire d’Océor
(Groupe Caisse d’Epargne), a ainsi été nommé pour la première année.

Il est assisté d’un directeur opérationnel, également désigné par le comité
stratégique : Erik Pointillart, directeur des projets internationaux à Océor,
assure cette mission.

A l’origine composé de neuf signataires et deux observateurs, le groupe de
banques s’est élargi, conformément au protocole initial de juillet. Fransabank
SAL (Liban) a ainsi adhéré en octobre et la BAD a déclaré vouloir les rejoindre.
Par ailleurs, la BEI et l’AFD, jusque-là observateurs, en deviennent membres à
part entière.

Forts de l’appui apporté par Henri Guaino, les membres de l’alliance ont
déclaré vouloir tout mettre en oeuvre pour que leurs projets soient reconnus
dans le cadre de l’Union pour la Méditerranée, comme l’ont été ceux de la
dépollution de la Méditerranée, du développement des autoroutes de la mer, ou du
plan solaire méditerranéen. En effet, cette alliance de banques, qui contribue à
rendre l’UPM tangible auprès de larges populations de cette zone, entend
apporter son concours au développement économique de la rive Sud de la
Méditerranée.

(Source : Groupe Caisse d’Epargne)