Deutsche Telekom et Deutsche Bahn : des centaines de milliers de salariés surveillés

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ège de Deutsche Telekom à Bonn le 6 novembre 2008 (Photo : Steffi Loos)

[04/02/2009 14:08:14] BERLIN (AFP) Deutsche Telekom et Deutsche Bahn ont provoqué une vive indignation en Allemagne en reconnaissant mercredi avoir fouillé les données privées de centaines de milliers de salariés pour démasquer d’éventuels employés corrompus.

Le géant des télécommunications a confirmé en partie des informations de presse selon lesquelles il a passé au crible en 2006 les données bancaires de plus de 100.000 salariés en les comparant à celles de fournisseurs pour révéler d’éventuelles relations douteuses.

Un porte-parole a toutefois assuré que cette opération n’était qu’un “test” et n’a pas voulu donner le nombre des salariés qui ont réellement été surveillés.

Ce n’est pas la première fois que Deutsche Telekom est ainsi mis en cause: l’an dernier, il avait déjà reconnu avoir surveillé des membres de son conseil de surveillance afin de trouver l’origine de fuites dans la presse.

Deutsche Telekom a pris soin mercredi de préciser que les données des salariés avaient été traitées de manière interne et anonyme, et que les représentants du personnel étaient informés.

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à Francfort le 18 août 2008 (Photo : Thomas Lohnes)

En comparaison, le scandale qui entoure Deutsche Bahn est autrement plus virulent, la faute notamment à une communication parcimonieuse et au goût de la provocation de son patron Hartmut Mehdorn.

Mercredi la compagnie publique de chemins de fer a confirmé qu’en 2005 elle avait passé en revue les données privées de 173.000 salariés, soit les trois quarts de son effectif total, pour les comparer à celles des fournisseurs.

La semaine dernière, la Bahn avait déjà révélé avoir procédé en 2002 et 2003 à des opérations d’ampleur similaire, portant des noms de code tels que “Babylone” ou “Ecureuil” et confiées à une société de détectives privés, à l’abir du regard des syndicats.

M. Mehdorn se contente jusqu’ici de reconnaître au coup par coup des “erreurs”, tout en assurant que sa conduite est irréprochable d’un point de vue juridique.

Cette intransigeance pourrait lui coûter son poste: le spécialiste de politique intérieure du parti social-démocrate (SPD) Dieter Wiefelspütz a déclaré mercredi que “M. Mehdorn devrait peut-être commencer à chercher un autre travail”, dans un entretien au Kölner Stadt-Anzeiger.

Un porte-parole du ministère des Transports a pressé Deutsche Bahn de s’expliquer au plus vite tout en disant que “le temps n’était pas encore venu de parler de conséquences personnelles.” Le porte-parole d’Angela Merkel a lui refusé de dire si le patron de la Bahn bénéficiait toujours de la confiance de la chancelière.

C’est surtout sur Deutsche Bahn que se concentraient mercredi les critiques des spécialistes de la confidentialité des données privées, ou “Datenschutz” en allemand.

Pour combattre la corruption “il faut respecter certaines règles, par exemple avertir les syndicats et se baser sur des soupçons concrets”, explique à l’AFP Thilo Weichert, chargé du Datenschutz de l’Etat régional du Schleswig-Holstein (nord).

“Venant de Deutsche Bahn, une entreprise publique, c’est un signal désastreux pour le secteur privé”, juge pour sa part Peter Wedder, professeur de droit du travail à Francfort.

Et M. Weichert de rappeler que “la question de la confidentialité des données privées est particulièrement sensible en Allemagne. Cela est lié à notre expérience des dictatures, nazie et communiste.”.