Le logo de GDF Suez (Photo : Eric Piermont) |
[04/02/2009 16:49:38] PARIS (AFP) Le groupe d’énergie français GDF Suez et l’espagnol Iberdrola, bien décidés à jouer un rôle clé dans le “renouveau du nucléaire” dans le monde, viennent de s’allier pour s’attaquer au marché britannique, convoité par tous les géants européens de l’énergie.
GDF Suez et Iberdrola ont créé une coentreprise à 50/50 “pour participer conjointement au développement de nouvelles centrales nucléaires au Royaume-Uni”, ont-ils annoncé mercredi dans un communiqué, confirmant des informations du quotidien La Tribune.
Le Français et l’Espagnol, associé au britannique Scottish & Southern Energy (SSE), entendent “se porter candidats au rachat de sites nucléaires” détenus par l’Autorité britannique de démantèlement nucléaire (Nuclear Decommissioning Authority, NDA) et le groupe d’électricité français EDF, depuis qu’il a acquis en 2008 l’opérateur britannique British Energy.
Dans le cadre de ce rachat, EDF s’était en effet engagé auprès de la Commission européenne à céder à des concurrents un de ses sites, soit à Heysham (nord-ouest), soit à Dungeness (sud-est).
“D’autres partenaires” pourraient s’associer au consortium Iberdrola/GDF, ont précisé mercredi les deux nouveaux alliés, alors que le marché nucléaire britannique attise les convoitises des géants européens de l’énergie.
La Grande-Bretagne a annoncé début 2008 son intention de relancer la filière pour “améliorer” la sécurité de son approvisionnement en énergie: seul un cinquième de l’électricité produite dans le pays provient du nucléaire, contre 80% en France.
Il s’agit aussi de renouveler un parc nucléaire civil vieillissant, doté de dix centrales datant des années 1960 et 1970, et de favoriser le développement de “sources d’énergie à faible émission de dioxyde de carbone”.
Le coup d’envoi du processus de sélection des sites qui accueilleront les futures centrales a été donné le 27 janvier. Les groupes intéressés ont désormais jusqu’à deux mois pour présenter leurs propositions au gouvernement.
Après l’acquisition de British Energy, propriétaire de huit des dix centrales nucléaires civiles britanniques, EDF est forcément sur les rangs: il a aussitôt annoncé les noms des cinq sites sur lesquels il se propose de construire des centrales.
Mais il ne sera pas le seul. Les deux grands rivaux du secteur de l’énergie en Allemagne, EON et RWE, ont annoncé début janvier la création d’une société commune chargée de répondre à l’appel à projets.
Dès juillet 2008, Gérard Mestrallet, alors sur le point de prendre la tête du groupe issu de la fusion de GDF et Suez, n’avait pas exclu de construire au Royaume-Uni un réacteur nucléaire de troisième génération EPR, voire deux.
Au-delà, l’accord annoncé mercredi confirme les velléités de conquête du marché mondial par GDF Suez et Iberdrola.
L’Espagnol a réaffirmé sa volonté de poursuivre sa participation “à certains des plus importants projets nucléaires en qualité d’exploitant ou en tant que prestataire de services d’ingénierie”. GDF Suez veut quant à lui “participer activement au renouveau nucléaire à travers le monde”.
Le groupe français, dont la production électrique actuelle est issue à près de 20% du nucléaire, est par exemple associé à EDF dans le projet d’un deuxième EPR en France officialisé fin janvier.
Il exploite aussi déjà sept réacteurs nucléaires de deuxième génération en Belgique, détient une participation dans deux réacteurs nucléaires français. Il s’est porté candidat à la construction de deux EPR aux Emirats arabes unis, aux côtés du pétrolier Total et du groupe nucléaire Areva.