Aides à l’automobile : l’UE met en garde Paris contre tout protectionnisme

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à Lyon (Photo : Jean-Philippe Ksiazek)

[04/02/2009 19:15:19] BRUXELLES (AFP) La Commission européenne a mis en garde la France mercredi contre toute tentation protectionniste dans le cadre des aides envisagées pour le secteur automobile, peut-être le signe avant-coureur de nouvelles frictions entre Paris et Bruxelles.

La commissaire à la Concurrence Neelie Kroes, qui recevait à Bruxelles le secrétaire d’Etat français à l’Industrie Luc Chatel, l’a prévenu que “toute obligation pour le bénéficiaire d’aide d’investir seulement en France ou d’acheter leurs pièces détachées auprès de fournisseurs en France ne serait pas compatible” avec les règles européennes, selon un communiqué.

De telles mesures présenteraient “le risque d’un retour au protectionnisme”, a-t-elle souligné.

En outre, “nous ne devons pas perdre de vue le fait que les surcapacités existaient déjà avant la crise dans le secteur automobile, et que les constructeurs européens devront de toute façon restructurer s’ils veulent être compétitifs sur les marchés mondiaux”, a ajouté la commissaire.

Luc Chatel avait pourtant assuré à son arrivée à Bruxelles qu'”il n’est pas question de prendre des mesures protectionnistes”, promettant que les aides françaises “seront destinées à toutes les entreprises du secteur de l’automobile qui ont une activité sur le territoire français”.

Mais plus tôt à Paris, il avait déclaré que les sociétés aidées devraient “légitimement” prendre “des engagements d’investissement et de localisation de production en France”.

Selon le porte-parole de Mme Kroes, Luc Chatel s’est contenté avec la commissaire de donner “un aperçu très général” du plan d’aide français.

Le 20 janvier, Paris avait promis 5 à 6 milliards d’euros d’aides, sans en préciser les modalités.

La France n’est pas seule à vouloir aider son secteur automobile.

Plusieurs pays ont déjà pris des mesures ponctuelles, comme des primes à la casse.

La Suède a elle annoncé en décembre quelque 2,65 milliards d’euros d’aides, dont des prêts d’urgence et des garanties de crédits.

La Grande-Bretagne prévoit aussi d’accorder aux sociétés du secteur des garanties sur leurs prêts. L’Italie doit annoncer des mesures dans les prochains jours.

Les Européens se sentent obligés de défendre un secteur qui représente 12 millions d’emplois directs et indirects dans l’UE.

Mais certains pays s’inquiètent des mesures que pourraient prendre leurs voisins.

Andrea Ronchi, ministre italien des Affaires européennes qui rencontrait aussi Mme Kroes mercredi, a “exprimé son inquiétude sur des mesures potentielles d’autres Etats membres dans le secteur automobile”, selon le porte-parole de Mme Kroes.

“Si les Etats membres prennent des mesures seulement dans l’intérêt de leurs entreprises nationales, la Belgique risque d’être laissée pour compte” car elle compte surtout des usines d’assemblage mais pas de marque propre, avait aussi estimé lundi Vincent Van Quickenborne, le ministre belge chargé des entreprises.