Japon : un vendeur de futons arrêté pour une énorme escroquerie pyramidale

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évrier 2009 à Tokyo (Photo : Str)

[05/02/2009 09:55:14] TOKYO (AFP) Un patron d’entreprise de literie japonais de 75 ans a été arrêté jeudi, soupçonné d’une des plus grosses escroqueries pyramidales de l’histoire du pays et d’avoir également berné des milliers de consommateurs en créant une monnaie virtuelle.

Kazutsugi Nami, chef de l’entreprise de literie en faillite L et G et devenu au fil des ans un véritable gourou pour les investisseurs qu’il enrôlait, a été arrêté jeudi à Tokyo en même temps que 21 collaborateurs.

La police le soupçonne d’une escroquerie pyramidale dont l’ampleur exacte n’a pas été officiellement dévoilée mais qui, selon les médias, serait comprise entre 126 et 226 milliards de yens (entre 1,1 et 2 milliards d’euros). Le nombre de victimes, toujours selon les médias, serait d’au moins 37.000.

M. Nagi promettait des rendements annuels de 36% aux investisseurs qui lui confiaient leur argent. Il avait également mis en circulation une monnaie virtuelle, baptisée “enten”, combinaison des deux idéogrammes signifiant “yen” et “paradis”, qu’il prétendait vouloir transformer en devise mondiale unique.

Ces “enten” étaient utilisables dans plusieurs hôtels, bazars et magasins en payant avec son téléphone portable, ou bien sur des sites de vente en ligne.

Pour un minimum de 100.000 yens versés à M. Nami, les souscripteurs recevaient une somme équivalente en “enten” et pouvaient théoriquement récupérer leur investissement au bout d’un an. S’ils décidaient de le laisser entre les mains de M. Nami, leur stock d'”enten” était renouvelé sans qu’ils aient à verser une nouvelle somme d’argent.

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évrier 2009 à Tokyo. (Photo : Str)

La chaîne NTV a montré des images de consommateurs se ruant dans une “foire enten” pour faire leurs courses avec cette monnaie électronique. “C’est comme un rêve. Je peux tout acheter!”, s’était notamment émerveillée une femme.

L’entreprise de M. Nami avait cessé début 2007 de verser les intérêts aux investisseurs et de racheter les “enten” aux commerces partenaires de l’opération, puis avait licencié tout son personnel quelques mois plus tard.

“Laissez-moi prendre mon petit déjeuner!” a rouspété le septuagénaire jeudi auprès d’une équipe de télévision, qui le filmait savourant un grand bock de bière à 05H30 du matin dans un restaurant, juste avant son arrestation.

Avant qu’il ne soit emmené par la police, M. Nami a eu le temps de clamer son innocence et d’affirmer qu’il ne regrettait rien.

“Je suis la victime la plus à plaindre. Personne n’a perdu autant que moi. Vous devriez savoir que les hauts rendements s’accompagnent de hauts risques”, a-t-il plaidé, cité par l’agence Jiji.

A un journaliste qui lui demandait s’il utilisait les fonds apportés par les nouveaux investisseurs pour rémunérer les plus anciens, selon le schéma classique de l’escroquerie pyramidale, M. Nami a tranquillement répondu: “c’est ce que font toutes les entreprises. Ce n’est pas une fraude”.

Il a promis qu’il allait rebondir. “A cause de la crise financière, tous les pays adopteront l’enten dans les trois ans. Je brillerai, je deviendrai célèbre dans le monde entier, je transformerai la planète”, a-t-il claironné.

Selon Hajime Chiba, qui dirige une équipe d’avocats représentant quelque 900 victimes de cette fraude, les investisseurs floués ont longuement hésité avant de porter plainte. “Ils se sont embarqués là dedans par l’intermédiaire de leurs amis et craignent d’être laissés pour compte s’ils quittent le groupe pour demander l’aide de la justice”, a-t-il expliqué à l’AFP.