Crise : Sarkozy promet un geste social et moins de taxes sur les entreprises

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écran le 5 février 2009 du Président français Nicolas Sarkozy à l’Elysée

[05/02/2009 21:20:50] PARIS (AFP) Le président français Nicolas Sarkozy a promis jeudi des gestes en faveur des Français les plus faibles et des allègements fiscaux de 8 milliards d’euros pour les entreprises, pour faire face à “la crise du siècle”.

Nicolas Sarkozy a choisi de consacrer jeudi soir une émission d’une durée exceptionnelle de 90 minutes, sur trois chaînes de télévision, à l’explication de ses réformes et mesures anti-crise dans l’espoir d’apaiser la grogne des Français.

Il a évoqué la possibilité de baisser les impôts pour les ménages les moins riches, les “classes moyennes”, ou d’augmenter les allocations sociales. Il a également dit qu’il envisageait des règles pour une meilleure répartition des bénéfices des entreprises entre salariés et actionnaires.

Mais il n’a fait aucune annonce dans ce domaine, estimant que syndicats et patronats devaient d’abord en discuter. Ils se retrouveront autour de lui le 18 février.

Cette intervention télévisée intitulée “Face à la crise” a été décidée après la journée de grève et de mobilisation massive qui a rassemblé le 29 janvier entre un million et 2,5 millions de personnes réclamant une inflexion de la politique de M. Sarkozy, la défense de l’emploi, du service public et du pouvoir d’achat.

Face aux difficultés économiques croissantes et à la hausse continue du chômage ces derniers mois, le président français a réservé aux entreprises la mesure la plus spectaculaire. Dès 2010, elles bénéficieront d’allègements fiscaux d’un total de 8 milliards d’euros, grâce à la suppression d’une taxe locale.

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à Paris le 29 janvier 2009 (Photo : Miguel Medina)

“On supprimera la taxe professionnelle en 2010, je veux qu’on garde des usines en France”, a-t-il déclaré.

Il a expliqué qu’à l’intérieur même de l’Union européenne, les coûts de production étaient très variés et que la France était pénalisée par rapport aux pays d’Europe de l’Est, en particulier dans l’automobile.

Il s’agit d’éviter les délocalisations. Nicolas Sarkozy, qui annoncera dans les prochains jours un plan de soutien à l’automobile, a prévenu qu’en contrepartie, il n’accepterait pas de délocalisations par les constructeurs français.

“Si on donne de l’argent aux industries automobiles pour se restructurer, ce n’est pas pour apprendre qu’une nouvelle usine va partir en Tchéquie ou ailleurs”, a-t-il insisté. Un dixième des emplois salariés en France sont concentrés dans le secteur automobile.

Onze organisations de gauche, parmi lesquelles le Parti socialiste, avaient publié mercredi un texte commun exigeant un “changement de cap”. L’opposition de gauche demande une relance de la demande, avec un soutien au pouvoir d’achat des Français.

Le chef de l’Etat français avait présenté en décembre un plan de relance économique de 26 milliards d’euros, faisant la part belle à l’investissement mais contenant peu de mesures de soutien à la consommation.

Dans son intervention, le président français a également assuré qu’il continuerait le programme de réforme, de “rupture”, pour lequel il avait été élu en mai 2007.

“Naturellement, on va continuer à réformer le pays, c’est le mandat que j’ai reçu, c’est mon devoir”, a-t-il déclaré lors d’une émission télévisée spécialement consacrée à la crise, une semaine après des manifestations massives contre sa politique.

“C’est la crise du siècle, elle est sans précédent”, a dit M. Sarkozy. “Je dois en tenir compte et faire en sorte que la France rentre le plus tard possible dans la crise et sorte le plus tôt de la crise”, a-t-il ajouté.