LVMH joue la prudence face à la crise, après des ventes ralenties en 2008

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évrier 2009 à Paris (Photo : Mehdi Fedouach)

[05/02/2009 22:55:10] PARIS (AFP) Le leader mondial du luxe LVMH ne s’est pas risqué jeudi, face à la crise, à faire de prévisions pour 2009 après un ralentissement de ses ventes en 2008, en particulier dans le champagne et surtout les montres et la joaillerie, où il n’exclut pas de supprimer des emplois.

Le groupe de Bernard Arnault, dont la marque phare Louis Vuitton a bien résisté, a toutefois dégagé un nouveau bénéfice record en 2008, de 2,026 milliards d’euros.

Mais ce bénéfice a quasiment stagné sur un an –il avait atteint 2,025 milliards en 2007– et ressort en dessous des attentes des analystes (2,07 milliards, selon le consensus Dow Jones Newswires).

Le chiffre d’affaires a, quant à lui, progressé de 4% à 17,19 milliards d’euros, légèrement plus qu’attendu (17,16 milliards).

Un taux de croissance toutefois deux fois inférieur à celui enregistré en 2007, en raison d’un net ralentissement des divisions vins/spiritueux et montres/joaillerie. Hors effets de changes et acquisitions, la croissance des ventes totales ressort à 7%, contre 13% en 2007.

Elle a, en fait, freiné en fin d’année: à 4% au dernier trimestre, après 3,1% au troisième, et contre 5% au premier semestre.

Sur le plan opérationnel, le résultat courant s?est élevé à 3,628 milliards d’euros, en progression de 2%, freiné par l’activité montres et joaillerie et la “distribution sélective” (Sephora).

Lors d’une conférence de presse, le PDG Bernard Arnault a jugé ces résultats “tout à fait satisfaisants”. Ils illustrent “la réactivité exceptionnelle de notre organisation en cette période de crise”, s’est-il félicité.

Mais le groupe ne donne “pas de prévisions pour 2009”, au vu de l’environnement macroéconomique actuel, le pire qu’il ait connu “depuis les vingt années que nous sommes à la tête de ce groupe”, a-t-il souligné.

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Boutique Louis Vuitton de Pekin (Photo : Goh Chai Hin)

“Donc on espère bien faire et on verra dans six mois où on en sera”, a dit M. Arnault.

Il a souligné que le groupe “maintenait ses investissements”, “ne coupait pas” dans ses budgets de communication, et continuait à ouvrir “une série de boutiques à travers le monde”.

Toutefois, la division montres et joaillerie, cinquième division en termes de chiffre d’affaires (879 millions d’euros en 2008), est rattrapée par la crise: ses ventes ont reculé de 2% en données organiques.

Pour y faire face, LVMH n’exclut pas de supprimer des postes dans cette activité, et de réduire sa production face à une hausse des stocks. Il va aussi ouvrir “beaucoup moins de magasins” en 2009, a précisé le patron de la branche, Philippe Pascal.

La baisse d’effectifs, “engagée depuis le premier janvier” selon lui, n’est qu'”à l’étude”, a pour sa part souligné Bernard Arnault.

Si une restructuration de la branche est finalement décidée, “ce sera “quelque chose de très léger”, dont la “primeur” sera réservée aux organisations syndicales”, a affirmé le PDG.

Autre division touchée par la crise, les vins et spiritueux, dont les ventes ont baissé de 3% et progressé d’un petit 1% hors acquisitions et effets de changes. Une évolution liée aux ventes de champagne, qui ont baissé de 4% sur l’ensemble de l’année en organique.

Dans la distribution sélective (enseigne Séphora), qui a progressé de 5% en 2008, le groupe va faire des “efforts de gestion de ses coûts”, et son programme d’ouvertures de magasins, “toujours très fort”, sera “un peu plus prudent et ciblé”.

A l’inverse, la mode et la maroquinerie, portée par Louis Vuitton, a progressé de 7% (+10% en organique), et continue d’afficher un optimisme sans faille, comme la branche parfums et cosmétiques (+5% en 2008).

Parmi les atouts de LVMH pour résister à la crise selon M. Arnault, la “force” des marques du groupe, qui restent “les seules au monde” à ne pas faire de soldes.