é Manuel Barroso le 27 juin 2007 à Khanty-Mansiysk. (Photo : Alexander Nemenov) |
[06/02/2009 08:12:57] BRUXELLES (AFP) Deux semaines après la crise du gaz, la Commission européenne veut discuter vendredi avec les dirigeants russes des moyens d’éviter une répétition, mais le dialogue s’annonce difficile avec Moscou qui continue à stigmatiser l’Ukraine.
Pour la première fois depuis décembre 2005, le président de l’exécutif européen, José Manuel Barroso, et neuf commissaires rencontreront le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, et leurs homologues gouvernementaux. M. Barroso verra aussi le président Dmitri Medvedev.
Ces entretiens – qui doivent permettre d’aborder tous les problèmes du moment, crise économique ou négociations sur un nouvel accord de partenariat UE/Russie – avaient été programmés lors du sommet UE-Russie de novembre 2008, pour dépasser la période de tension causée par le conflit géorgien d’août.
Mais la guerre du gaz russo-ukrainienne qui a privé les Européens de 80% de leurs importations de gaz russe pendant deux semaines a alimenté la méfiance des Européens.
Après avoir pris la décision inédite de couper les vannes du gaz russe acheminé vers l’Europe via l’Ukraine, Moscou est officiellement considéré comme “un fournisseur non fiable” des Européens. La confiance ne reviendra qu’après “plusieurs années d’approvisionnement” ininterrompu, dit on à la Commission.
Selon l’ambassadeur russe auprès de l’UE, Vladimir Tchijov, les entretiens devraient porter sur les “leçons à tirer” de cette crise sur laquelle Européens et Russes ont une analyse différente. Pour lui, “il n’y a pas eu de crise d’approvisionnement, seulement une crise du transit”. Une façon de renvoyer la faute sur l’Ukraine et de relancer “l’idée d’un consortium Russie/Ukraine/UE pour gérer le système de gazoduc ukrainien”.
é de stockage de gaz à Berlin le 6 décembre 2008. (Photo : John Macdougall) |
Selon un responsable européen la Commission n’est pas favorable à un accord trilatéral. Elle considére Moscou et Kiev comme également responsables est “ouverte à toute proposition constructive”.
Bruxelles préférerait instaurer un ensemble de règles contraignantes, tant pour les fournisseurs que pour les transitaires, avec un mécanisme de règlement incluant le Bélarus, qui achemine aussi du gaz russe vers l’Europe.
“Tout dépendra de l’attitude des Russes”, a indiqué ce responsable. “S’ils disent que c’est la faute de l’Ukraine, ce sera difficile de discuter. S’ils disent, +on veut discuter avec vous d’un cadre qui permette d’éviter cette situation+, la Commission sera prête” à faire des propositions.
Aussi difficile que soit ce dialogue, la Commission n’a pas d’alternative. Les questions énergétiques sont déjà au coeur des négociations sur un accord de partenariat renforcé UE/Russie, pour lesquelles un nouveau round est prévu le 13 février.
Sur la crise économique et financière aussi, Russes et Européens ont affiché des objectifs communs et sont d’accord juger les Etats-Unis responsable de son déclenchement.
La Commission déplore la hausse début janvier des taxes russes sur les voitures étrangères d’occasion. La Russie “ne respecte pas l’accord du G20” d’éviter tout recours au protectionnisme estime-t-elle en redoutant que d’autres secteurs soient bientôt ciblés.
D’autres différends commerciaux devraient être abordés vendredi: les taxes imposées par Moscou aux compagnies aériennes européennes pour survoler la Sibérie, ou celles sur le bois qui bloquent les négociations d’adhésion de la Russie à l’OMC.