Le Brésil, un géant touché par la crise économique

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à la bourse de Sao Paulo le 30 décembre 2008 (Photo : Nelson Almeida)

[06/02/2009 13:59:42] BRASILIA (AFP) Le Brésil, l’une des principales économies émergentes, a entamé 2009 comme un géant durement frappé par la crise mondiale, en dépit des énormes sommes débloquées par le gouvernement pour tenter d’en atténuer les effets.

La monnaie brésilienne, le real, les exportations, mais surtout l’industrie et l’emploi, ont été touchés de plein fouet par la crise alors que le gouvernement a annoncé toute une série de mesures pour continuer à faire tourner l’économie et relancer la consommation.

Certaines des mesures annoncées étaient toutfois déjà prévues et ont été qualifiées de “réchauffées” jeudi par le quotidien O Globo.

De septembre à novembre 2008, le Brésil – première économie latino-américaine – a puisé 46 milliards de dollars dans ses réserves pour fortifier sa monnaie et en janvier, il a injecté 42,5 milliards de dollars dans sa banque de développement (BNDES). Cette semaine, il a annoncé une hausse de 62 milliards de dollars de ses dépenses d’infrastructures d’ici à 2010, pour les porter à 280 milliards.

Jeudi soir encore, la Banque centrale a annoncé que le gouvernement mettrait 36 milliards de dollars de ses réserves à la disposition des entreprises ayant des dettes à l’étranger arrivant à échéance fin 2009. Cette initiative pourra bénéficier jusqu’à 4.000 entreprises.

Malgré ces injections massives de capitaux, le Brésil a enregistré en décembre une chute de 12,4% de sa production industrielle, son pire niveau depuis 1991, et une perte de plus de 500.000 emplois.

De plus, la balance commerciale a terminé en janvier sur un solde négatif de 510 millions de dollars, le premier déficit mensuel depuis 2001.

Dans cette conjoncture, le dernier sondage hebdomadaire réalisé par la Banque centrale auprès de 80 institutions financières a revu à la baisse sa prévision de croissance du Produit intérieur brut pour cette année de 2% à 1,8%.

Le 12 janvier dernier, le président Luiz Inacio Lula da Silva, fort d’une popularité exceptionnelle de 84% malgré la crise, a reconnu que le pays connaîtra “un premier trimestre difficile” et cette semaine, le ministre des Finances, Guido Mantega, a renchéri: “en 2009, l’économie va ralentir, mais je ne pense pas qu’elle entre en récession”.

D’après les analystes, la détérioration soudaine de l’économie brésilienne, qui était en plein boom avant la crise, est due à la chute drastique du crédit au cours du dernier trimestre 2008. Cela a entraîné une baisse vertigineuse de la demande interne, un des moteurs de la croissance de ce géant de 190 millions d’habitants.

Tout au long de l’année 2008, l’économie brésilienne a investi fortement pour augmenter la production et répondre à une demande croissante tout en créant des emplois. Mais, à partir de septembre, la consommation a chuté et les entreprises se sont retrouvées avec d’énormes stocks invendus.

En décembre, par exemple, les ventes de biens durables comme les réfrigérateurs ont chuté de 42% par rapport à novembre alors que la production automobile a dégringolé de 49,4%.

Les ouvriers ont été mis en vacances forcées, surtout dans le secteur automobile, ou sont touchés par des réductions de salaires, voire des licenciements.

Pour Paulo Francini, un des directeurs de la Fédération des industries de Sao Paulo (FIESP), “la crise a tardé à débarquer mais a clairement débarqué”.

“En général, je crois que le Brésil s’en tirera mieux que la moyenne mondiale. Mais, pour le Brésil, 2009 sera pire que 2008”, a-t-il averti.