évrier 2008 à l’usine Arcelor Mittal à Gandrange (Photo : Frederick Florin) |
[06/02/2009 14:24:11] GANDRANGE (Moselle) (AFP) Elus, syndicats et population de Gandrange ont promis vendredi un accueil “mouvementé” à Nicolas Sarkozy après que le président eut assuré jeudi qu’il reviendrait en Moselle, comme il s’y était engagé l’an dernier devant les ouvriers d’ArcelorMittal.
“Je ne vois pas l’intérêt d’une nouvelle visite (du président) qui reviendrait à mettre de l’huile sur le feu”, estime le maire (PS) de Gandrange, Henri Octave.
“Les premières réactions de la population sont désabusées: les gens n’y croient plus. D’autant que maintenant, nous sommes sûrs de perdre la taxe professionnelle, payée à hauteur de 90% par ArcelorMittal”, ajoute-t-il.
Devant la boulangerie “Les choix de Sophie”, les déclarations du président sont commentées avec scepticisme. “Que pourra-t-il venir annoncer de plus?”, s’interroge Georges R., un retraité de 66 ans qui se décrit comme un “vieux de la vieille d’Arcelor”.
“On pourrait l’accueillir avec des sifflets”, lâche, l’air faussement ingénu, Armel K., 34 ans, venu acheter sa baguette.
“Qu’il revienne et qu’il rende des comptes aux ouvriers parce que tout ce qui a été promis est très insuffisant”, se félicite la députée (PS) de Moselle, Aurélie Filippetti, qui la semaine dernière déjà avait prévenu que les salariés attendraient le chef de l’Etat “avec des boulons”.
“Que le préfet (de la région Lorraine) se prépare à faire en sorte que l’ordre soit bien maintenu”, ajoute la porte-parole du groupe socialiste à l’Assemblée nationale dans une allusion à la récente mutation du préfet de la Manche, consécutive à des incidents survenus lors d’une visite de M. Sarkozy à Saint-Lô.
Pour Jean-Pierre Masseret, président (PS) du conseil général de Lorraine, si le président de la République veut revenir à Gandrange “dans de bonnes conditions et être respecté dans sa fonction, il devra avoir autre chose dans sa musette que les deux conventions” de revitalisation du bassin de Gandrange signées jeudi à Metz par le secrétaire d’Etat à l’Industrie, Luc Chatel.
“Seul Nicolas Sarkozy peut amener Lakshmi Mittal (le patron indien d’ArcelorMittal, ndlr) à changer de posture et à garantir la pérennité de la sidérurgie en Lorraine”, estime le sénateur Masseret.
“Qu’il se prépare à un accueil mouvementé”, prévient un autre député (PS) de la Moselle, Michel Liebgott, également maire de la commune voisine de Fameck (Moselle).
Pour Jacky Mascelli, responsable CGT à ArcelorMittal Gandrange, “encore une fois, (M.) Sarkozy a trompé des milliers de Français et a menti”.
Le 4 février 2008, à l’issue d’une visite très médiatisée de 45 minutes de l’aciérie mosellane, M. Sarkozy s’était engagé devant quelque 400 sidérurgistes à faire prendre en charge par l’Etat “tout ou partie des investissements nécessaires” pour maintenir l’aciérie en activité.