Tensions croissantes entre Prague et Paris autour de la présidence de l’UE

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èque Mirek Topolanek à Strasbourg le 14 janvier 2009 (Photo : Patrick Hertzog)

[06/02/2009 19:09:25] PRAGUE (AFP) Les déclarations du président français Nicolas Sarkozy sur les relocalisations des constructeurs automobiles ont attisé vendredi les tensions entre la République tchèque et la France, croissantes depuis leur succession à la présidence de l’UE.

Les critiques françaises sur la gestion tchèque de la crise économique, la récente annulation de la visite du président palestinien Abbas à Prague au profit de Paris et l’organisation du prochain sommet UE-USA avaient déjà irrité les Tchèques.

La dernière intervention télévisée du président français a mis le feu aux poudres.

Vendredi, la présidence tchèque de l’UE a publié un communiqué incendiaire dénonçant “ces tentatives d’utiliser la crise financière pour introduire des formes de protectionnisme”.

“Le président français souhaite protéger les intérêts de son pays, et moi en tant que Premier ministre tchèque et président du Conseil européen, je défendrai le principe +mêmes règles pour tous+”, a déclaré le Premier ministre tchèque Mirek Topolanek dans ce communiqué.

Jeudi soir, M. Sarkozy a préconisé d’arrêter les délocalisations pour que “si possible on relocalise”. “Si on donne de l’argent aux industries automobiles pour se restructurer, ce n’est pas pour apprendre qu’une nouvelle usine va partir en Tchéquie ou ailleurs”, a-t-il dit.

Lors de son intervention télévisée, M. Sarkozy a aussi critiqué les atermoiements de Prague pour coordonner les réponses européennes face à la crise économique globale.

Libéraux pur jus, hostiles à toute forme d’interventionnisme, les dirigeants tchèques sont restés très en retrait sur ce dossier, en préconisant surtout de surveiller les déficits publics.

Aussi, l’intention prêtée à la France d’organiser un nouveau sommet au plus haut niveau de la zone euro -comme celui convoqué en octobre 2008 en pleine tempête bancaire alors qu’elle assurait la présidence de l’Union européenne- a profondément agacé. Les Tchèques n’appartiennent pas à la zone euro et seraient de facto écartés du processus de décision.

“La France jaillit de geysers d’idées et compte organiser un sommet après l’autre, la présidence tchèque travaille dur pour qu’au moins quelques idées se concrétisent sans que les finances publiques n’explosent dans l’UE”, a commenté le vice-Premier ministre tchèque en charge des Affaires européennes, Alexandr Vondra.

La semaine dernière, la presse tchèque avait aussi accusé la France d’avoir “volé” le président Abbas: contrairement au plan initial, le chef de l’Autorité palestinienne a en effet annulé sa visite à Prague pour choisir Paris comme première étape de sa tournée européenne.

Jusqu’à présent, les dirigeants tchèques avaient temporisé face aux initiatives de l’hyperactif président français au Proche-Orient. Ils s’étaient surtout focalisé sur la crise du gaz qui a paralysé les livraisons européennes début janvier.

Nouveau foyer de tension, des rumeurs persistantes font état de la possible tenue du prochain sommet UE-USA à Strasbourg (France), alors que Prague insiste depuis longtemps pour accueillir la première visite européenne du président américain Barack Obama.

Le ministre tchèque des Affaires étrangères Karel Schwarzenberg a prévu de profiter de sa visite à Washington, dimanche et lundi, pour reprendre la main.

Vendredi, il a souhaité que “le président des Etats-Unis lance le signal que les petits pays d’Europe sont pour lui des partenaires aussi importants que les Etats plus grands”.