ën Christian Streiff, le 9 octobre 2008 au salon de l’automobile de Paris (Photo : Philippe Wojazer) |
[09/02/2009 12:45:13] PARIS (AFP) Le gouvernement dévoile lundi son plan d’aide, d’environ 6 milliards d’euros, aux constructeurs Renault et PSA Peugeot Citroën sous forme de prêt à taux préférentiel, en contrepartie d’engagements sur le maintien de la production en France.
Le Premier ministre, François Fillon, avait promis, lors des états généraux de l’automobile réunis le 20 janvier dernier pour réfléchir à l’avenir de la filière, une aide de “5 à 6 milliards d’euros” aux constructeurs automobiles.
Devant la gravité de la situation du secteur, premier employeur de l’industrie française, les pouvoirs publics ont décidé de frapper fort: 6 milliards d’euros de prêts sur 5 ans à un taux préférentiel –environ 6 à 7% au lieu de 11 à 12% consentis actuellement par les banques–, affirment Les Echos et Le Figaro. Ce montant serait même de 6,5 milliards, selon le Monde.
Cette somme serait répartie également entre Renault et PSA, selon la presse.
Mais en échange de cette aide massive, les deux constructeurs français devront donner des assurances sur la production en France et les rémunérations des dirigeants et actionnaires.
“Si on donne de l’argent aux industries automobiles pour se restructurer, ce n’est pas pour apprendre qu’une nouvelle usine va partir en Tchéquie ou ailleurs”, avait prévenu le président français, Nicolas Sarkozy, dans un entretien télévisé jeudi dernier.
“Je souhaite, parce que c’est bien normal si on donne de l’argent public, qu’on ait des contreparties” en termes “de délocalisation, de relocalisation, de licenciements, de politique de dividendes”, avait-il ajouté.
L’intervention de M. Sarkozy a suscité la réprobation du Premier ministre tchèque et président du Conseil européen, Mirek Topolanek, inquiet d’une éventuelle mesure “protectionniste” de la France.
Selon les deux quotidiens, le plan de secours impose à Renault, détenu à 15% par l’Etat, et à PSA Peugeot Citroën de s’engager à ne pas fermer d’usine française et à ne pas annoncer de plan de licenciements pendant la durée du prêt.
Ils vont devoir aussi modérer les dividendes versés aux actionnaires.
évrier 2009 à Tokyo (Photo : Toru Yamanaka) |
Et, comme les dirigeants des banques qui ont bénéficié du soutien de l’Etat, les patrons devront réduire nettement la part variable de leur rémunération, un engagement déjà pris par le patron de Renault, Carlos Ghosn, pour 2009.
En outre, le fonds de soutien aux équipementiers automobiles, destiné à prendre des participations dans la filière de sous-traitants, sera renforcé. Il était jusque-là doté de 300 millions d’euros, dont 100 millions apportés par l’Etat et 100 millions par chaque constructeur français. Renault et PSA vont désormais doubler la mise, selon le Figaro.
Ces six milliards de prêts consentis viennent s’ajouter aux deux coups de pouce du gouvernement en décembre dernier: un milliard d’euros accordé aux filiales de crédit des constructeurs et la prime à la casse qui permet à un acheteur d’une voiture particulière de bénéficier d’une prime de 1.000 euros s’il met au rebut un véhicule de plus de dix ans.
Ces deux mesures n’ont jusqu’ici pas permis d’endiguer la crise traversée par tout le secteur à travers le monde depuis l’été 2008, contraignant à des fermetures temporaires de sites en France en fin d’année.
Les ventes de voitures en France ont ainsi reculé de 7,9% en janvier après des chutes en novembre (-14%) et décembre (-15,8%). Les ventes de Renault ont chuté de 20,9% en janvier et celles de PSA de 11,2%.
L’achat d’une voiture, l’un des biens de consommations les plus chers pour les ménages, fait partie de ceux qui se reportent le plus facilement.
De plus, les véhicules, étant donné leur prix, s’achètent souvent à crédit: quand les banques ne prêtent plus, les clients potentiels renoncent à leur rêve.