Crise : les Européens préparent un sommet pour resserrer les rangs

[09/02/2009 18:39:01] BRUXELLES (AFP)

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èque Mirek Topolanek à Strasbourg le 14 janvier 2009 (Photo : Patrick Hertzog)

Les Européens se préparent à un sommet extraordinaire sur la crise économique d’ici la fin du mois pour resserrer les rangs dans l’UE au moment où la tentation du chacun pour soi refait surface et que les tensions montent entre Prague et Paris.

Le Premier ministre tchèque Mirek Topolanek a confirmé lundi envisager de “convoquer un Conseil européen informel avant la fin février” à Bruxelles.

“L’objectif de cette rencontre des chefs d’Etats et de gouvernements sera d’examiner les mesures prises jusqu’à présent dans le cadre du plan de relance et l’efficacité de ces mesures”, a-t-il ajouté.

La date exacte de ce sommet devrait être précisée mercredi, après une rencontre à Bruxelles entre MM. Topolanek et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso.

Cette annonce fait suite à des pressions de la France, qui ne cache pas en privé ses critiques à l’égard de la passivité de la présidence tchèque, qui lui a succédé à la tête de l’UE.

Le président français Nicolas Sarkozy avait la semaine dernière évoqué la possibilité d’un sommet des seuls 16 pays de la zone euro sur ces sujets. L’Allemagne avait rejeté cette proposition, qui aurait de facto exclu la République tchèque puisqu’elle n’a pas la monnaie unique.

M. Sarkozy avait finalement annoncé samedi avec la chancelière allemande Angela Merkel une “initiative commune franco-allemande”, sans dire s’ils allaient demander la convocation d’un sommet européen.

Si c’était leur intention, M. Topolanek les aura devancés en annonçant lui-même ce sommet. “Je ne connais pas toutes les arrières pensées, mais ça ressemble à un coup des Tchèques et des Français pour savoir qui tirera le premier”, a estimé lundi un haut diplomate européen.

Les tensions sont en effet allées crescendo ces derniers temps entre Paris et Prague.

Outre les irritations suscitées par l’idée d’un sommet de l’Eurogroupe, M. Topolanek est aussi très remonté contre le plan d’aide à l’automobile que le gouvernement français doit dévoiler lundi après-midi, dont il a dénoncé d’avance les mesures “protectionnistes”.

Celui-ci devrait prévoir environ 6 milliards d’euros aux constructeurs Renault et PSA Peugeot Citroën sous forme de prêt à taux préférentiel, en contrepartie d’engagements sur le maintien de la production en France.

Selon M. Topolanek, c’est ce plan et “les dernières déclarations protectionnistes” de Sarkozy, “entre autres”, qui l’ont convaincu de préparer un sommet extraordinaire.

Ce sommet se profile alors que se multiplient les appels à plus de coordination européenne face à la crise. Malgré leurs promesses fin 2008, les gouvernements européens ont recommencé à annoncer chacun de leur côté des mesures de soutien aux banques ou à la croissance.

“Je suis un peu inquiet du fait qu’Etats membres après Etats membres préparent leurs propres plans et programmes”, a ainsi souligné lundi le président de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker, en arrivant à une réunion des ministres des Finances de la zone euro. “Il faut une meilleure coordination des politiques”.

“Je pense qu’il y a eu une période à l’automne où l’on a travaillé très efficacement”, a également indiqué le ministre suédois des Finances Anders Borg à des journalistes. “Il y a manifestement maintenant un besoin de coordination accrue”, a-t-il ajouté.

Les ministres des Finances européens, réunis lundi et mardi, doivent notamment discuter de règles communes pour soulager les banques de leurs actifs à risque, un domaine dans lequel certains pays ont déjà pris des mesures.