L’Allemagne se dote dans l’urgence d’un nouveau ministre de l’Economie

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à Munich (Photo : Lennart Preiss)

[09/02/2009 18:36:43] BERLIN (AFP) Un conservateur de 37 ans a été choisi lundi en catastrophe pour succéder au ministre de l’Economie allemand, dont la démission en pleine crise économique et en pleine année électorale met la chancelière Angela Merkel dans l’embarras.

Karl-Theodor zu Guttenberg, secrétaire général du parti conservateur CSU, va hériter du portefeuille, a annoncé le patron de la formation bavaroise, Horst Seehofer.

Plus jeune ministre de l’Economie de l’histoire de la République fédérale, il doit officiellement être nommé par le président allemand Horst Köhler mardi.

“M. zu Guttenberg dispose d’un large éventail d’expériences à l’international et je crois que cela l’aidera justement dans la résolution de la crise économique”, a déclaré Mme Merkel dans une brève allocution.

“Je suis convaincue qu’il fera son travail avec excellence et il bénéficie pour cela de mon entière confiance”, a-t-elle dit.

L’interessé, spécialiste de politique étrangère et propulsé secrétaire général de son parti il y a seulement trois mois, a annoncé qu’il acceptait sa tâche “avec joie”. Il a ajouté que la solution à la crise financière ne passait pas par une “pérennisation de l’influence de l’Etat”.

Il revient à la CSU, alliée bavaroise de la CDU de Mme Merkel, de pourvoir le ministère de l’Economie, en vertu du partage de pouvoir au sein de la “grande coalition” de gouvernement qui rassemble les conservateurs (CSU/CDU) et les sociaux-démocrates (SPD).

La démission ce weekend de Michael Glos, 64 ans, ministre de l’Economie depuis 2005, a surpris tout le monde: à commencer par son propre parti et par la chancelière. M. Seehofer a reconnu avoir été informé par les médias.

La CSU comme la chancellerie ont d’abord voulu empêcher le départ de ce cacique du parti bavarois, avant de s’y résoudre.

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émissionnaire, le 8 février 2009 à Munich (Photo : Oliver Lang)

Cette démission tombe au pire moment: l’Allemagne attend une récession de 2,25% cette année tandis que le gouvernement se débat entre plans de relance et sauvetages bancaires.

Ce retrait est un revers pour la CSU, qui vient tout juste de se mettre en ordre de bataille derrière Horst Seehofer et voudrait peser davantage sur Berlin.

Et l’affaire est plus qu’embarrassante pour Mme Merkel, qui se voit souvent reprocher de ne pas tenir ses troupes conservatrices, à un peu plus de sept mois des législatives.

Les sociaux-démocrates, eux, boivent du petit lait, tout comme l’opposition.

“Il faut au plus vite remettre de l’ordre dans les rangs conservateurs. C’est un défi pour l’autorité de Mme Merkel”, a dit le secrétaire général du SPD Hubertus Heil.

Le parti d’opposition de gauche radicale Die Linke a qualifié de “lourde hypothèque dans la lutte contre la crise” la nomination de M. zu Guttenberg.

Le parti libéral FDP a critiqué son manque d’expérience économique.

Le député SPD Thomas Oppermann a dit au quotidien Hannoversche Allgemeine Zeitung qu’il était inutile de chercher un successeur à M. Glos: “Le ministre des Finances Peer Steinbrück peut très bien reprendre son portefeuille.”

De fait, le grand argentier social-démocrate monopolise le devant de la scène depuis l’automne en tandem avec Mme Merkel.

Le nouveau ministre aura fort à faire pour exister à l’ombre de ce duo et pour effacer le mauvais souvenir laissé par son prédecesseur.

M. Glos a brillé par sa passivité depuis le début de la crise économique et n’a jamais semblé à l’aise avec un portefeuille accepté à contre-coeur.

Lundi, le Financial Times Deutschland avait ce titre assassin à propos de sa démission: “Pour la première fois, Glos s’impose.”