équimentier automobile (Photo : Mychèle Daniau) |
[10/02/2009 14:06:18] PARIS (AFP) Entraînée dans une spirale infernale par l’automobile, la production industrielle française a continué à s’effondrer en décembre pour le cinquième mois consécutif, un record historique de baisse qui confirme l’entrée inéluctable de la France en récession.
“Bérézina”, “descente aux enfers”, “cataclysmique”… les économistes rivalisaient de superlatifs mardi pour illustrer la brutalité avec laquelle la crise a frappé l’industrie.
Certes, la production industrielle semble avoir freiné sa chute en décembre, cédant “seulement” 1,8% par rapport au mois précédent, après -3,7% en octobre et -2,8% en novembre, selon les chiffres publiés par l’Insee.
Mais “sur l’ensemble de 2008, le nombre de mois de hausse se compte sur les doigts d?une main, puisqu?il n?y en a eu que quatre. Du jamais vu”, selon l’économiste Marc Touati (Global Equities).
Avec un recul de 11,1% sur un an en décembre, autre record historique, “ce n?est donc plus une récession mais une dépression que traverse l?industrie française”, ajoute-t-il.
Sur l’ensemble de l’année dernière, “l’activité industrielle totale a reculé de 2,6% par rapport à 2007, soit la plus mauvaise performance depuis 1993, dernière année de récession en France”, analyse quant à lui Alexander Law (Xerfi). “Dans ces conditions, on ne peut qu?anticiper une baisse marquée du PIB au cours du dernier trimestre 2008”.
L’Insee doit publier vendredi les chiffres de la croissance au quatrième trimestre et pour l’ensemble de 2008.
Selon la Banque de France, le produit intérieur brut (PIB) devrait être en baisse de 1,1% au dernier trimestre et sa hausse devrait être réduite à seulement 0,7% sur l’année.
La majorité des économistes sont encore plus pessimistes.
Quoi qu’il en soit, la chute du PIB au quatrième trimestre est d’ores et déjà acquise et devrait se solder par l’entrée officielle de la France en récession, la Banque de France et l’Insee prévoyant tous deux un deuxième trimestre consécutif de baisse début 2009.
Ce qui inquiète par dessus tout les analystes, c’est le plongeon vertigineux de l’industrie automobile, laminée par la crise internationale.
La production de ce secteur a en effet continué de chuter en décembre (-7,7%, après -10% en novembre) et accuse un recul de 32,5% au dernier trimestre – marqué par des fermetures de chaînes de montage – par rapport au trimestre précédent.
La baisse atteint 44,3% en décembre 2008 par rapport à décembre 2007, relève Alexander Law, pour qui le “rebond” anticipé début 2009 ne sera que mécanique et insuffisant pour éviter d’autres mesures de chômage partiel.
“Il est évident que le plan de relance gouvernemental constitue une bouffée d’oxygène”, mais “il faudra plus qu’une prime à la casse et un prêt de 6 milliards d’euros pour relancer durablement la machine”, estime-t-il.
La filière entraîne avec elle le secteur des biens intermédiaires, gros fournisseur de l’automobile et déjà malmené par la crise. Sa production a fléchi de 7,6% en décembre, après -6,2% le mois précédent.
Dans ce tableau très sombre, les économistes constatent malgré tout que l’industrie française résiste mieux que beaucoup de ses voisines (-2,5% en Italie en décembre, -4,6% en Allemagne et -6,9% en Espagne).
Ils notent aussi avec satisfaction la progression de la production de biens d’équipement (+2,6%), grâce aux équipements électriques et électroniques ou aux matériels de transport en hausse pour le troisième mois consécutif. Signe que la France reste compétitive dans ce secteur avec des carnets de commandes encore garnis.