Obama accuse Wall Street de rechercher la facilité et prône “l’amour vache”

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à Fort Myers en Floride le 10 février 2009 (Photo : Joe Raedle)

[10/02/2009 22:41:17] WASHINGTON (AFP) Le président Barack Obama a dit mardi que les banques avaient besoin “d’amour vache” et a accusé Wall Street de rechercher une solution de facilité à la crise, devant la réaction défavorable de la Bourse de New York à un nouveau plan de stabilisation des banques.

M. Obama a aussi quelque peu atténué le tableau très sombre qu’il peignait depuis plusieurs jours de l’économie américaine en disant qu’elle connaissait certes une “tempête” financière, mais qu’elle ne traversait pas une crise aussi grave que la “Grande dépression” des années 30, selon un entretien qu’il a accordé à ABC News et dont la chaîne a publié des extraits par avance.

Le secrétaire au Trésor de M. Obama, Tim Geithner, a dévoilé mardi un nouveau plan d’assainissement et de relance du système financier, l’un des instruments de l’administration pour sortir le pays d’une crise profonde.

Les marchés l’ont jugé trop complexe dans sa structure et trop vague sur certaines dispositions essentielles et ont plongé.

“Je pense que Wall Street espère une issue facile, et il n’y a pas d’issue facile”, a dit M. Obama.

Malgré l’état de certaines banques, l’administration a jugé que les nationaliser “n’aurait pas de sens”, a-t-il dit en invoquant l’étendue du système financier américain et la culture américaine pour refuser de suivre un modèle suédois de nationalisation bancaire.

“Alors, ce que nous avons essayé de faire, c’est de pratiquer un peu de l’amour vache nécessaire”, a-t-il dit.

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évrier 2009 (Photo : Stan Honda)

“Je pense que vous avez deux choix dans une telle situation: vous pouvez prolonger l’agonie et les actionnaires continueront à être contents jusqu’à ce qu’ils ne soient plus contents du tout, et cela pourrait prendre encore un an ou deux, mais cela pourrait aussi prendre huit années supplémentaires”, a-t-il dit en citant l’exemple du Japon des années 90.

Ou bien vous pouvez reconnaître qu’il y a “beaucoup de travail à faire pour redonner une assise plus solide à ces banques”, a-t-il dit.

Avec un plan de relance actuellement en débat au Congrès et un nouveau plan que M. Obama devrait annoncer dans les toutes prochaines semaines pour le secteur immobilier, le plan pour le système financier est censé selon M. Obama produire une “amélioration importante” de la situation économique à partir de 2010.

Au cours d’une réunion publique à Fort Myers (Floride, sud-est), M. Obama a répété avoir “hérité d’une crise économique aussi profonde et aussi affreuse qu’aucune autre depuis la Grande dépression”.

Mais il a nuancé le propos sur ABC News.

“Nous ne sommes pas dans une récession ordinaire, nous sommes pris dans une tempête de problèmes financiers, mais aussi désormais dans un déclin de la demande mondiale qui a pour résultat la suppression d’un nombre énorme d’emplois”, a-t-il dit.

“Mais je crois qu’il faut garder le sens des proportions. Nous ne sommes pas en train de traverser la Grande dépression. Je sais qu’on a fait cette analogie, mais quand FDR (Franklin Delano Roosevelt) est entré en fonctions, le taux de chômage était à 30%, contre 7,5 ou 7,6%” aujourd’hui, a-t-il dit.

La “Grande dépression” dont le début est communément daté de 1929 et qui a eu des effets dévastateurs sur l’économie américaine et mondiale est devenue une référence courante dans le discours politique et dans la presse face à la crise actuelle.