La
recherche de nouveaux marchés serait l’une des tendances de notre temps. Une
crise économique qui n’arrête pas de durcir et des marchés d’exportations de
plus en plus rétrécis exige de pays tels que la Tunisie, un effort
supplémentaire pour approcher des marchés qui présentent un potentiel de
développement. Historiquement et culturellement attachée à l’Europe, la
Tunisie a peu développé ses relations commerciales avec les autres
continents, tels que l’Amérique du Nord, essentiellement le Canada.
Les exportations envers ce pays ne dépassent pas les 16,5 MDT en 2008
contre 17,5 MDT en 2007 et 14,5 MDT en 2007. Les importations sont de
l’ordre de 81,8 MDT contre 136,7 MDT en 2007 et 114 MDT en 2006. Les
secteurs les plus concernés par les échanges sont l’agro-alimentaire, les
industries diverses, les industries mécaniques et électriques, le cuir et
chaussure et le textile et habillement. En tête des produits exportés vers
le Canada, on trouve l’huile d’olive et les dattes. Et encore là, «la
Tunisie ne fournit qu’une petite part des besoins du marché canadien en
huile d’olive, en poissons et produits textiles», a précisé Mohamed Ali
Mamlouk, représentant du CEPEX, lors de la journée d’information sur «les
opportunités de l’exportation et de l’investissement au Canada», organisée
le 9 février 2009, par le CEPEX en collaboration avec l’ambassade du Canada
en Tunisie.
Ce qui représente pour Fawzi Elloumi, président de la Chambre
tuniso-canadienne, un problème de positionnement stratégique puisque les
produits haut de gamme sont exportés du marché européen et américain et les
produits compétitifs du marché asiatique. «Nous sommes restés sur des niches
très spécifiques tels que les produits agroalimentaires et l’huile d’olive
qui ne nous permettent pas vraiment dd développer les échanges sur ce
marché», a-t-il précisé.
Et comme tout marché, l’approcher exigerait de connaître le bénéficiaire
direct d’échanges commerciaux qui est le consommateur. Selon l’expert
canadien Mark Germain, c’est un type de consommateur très consciencieux des
prix ; il est multiculturel et donc il peut essayer des produits hors de
l’ordinaire. «Par exemple, pour les fruits et légumes, on consommait
auparavant les produits traditionnels uniquement. Aujourd’hui, l’importation
des produits exotiques fait partie des habitudes alimentaires»,
explique-t-il.
Pour les habitués du marché américain (Etats-Unis d’Amérique), il
faudrait préciser que le marché canadien n’obéit aux mêmes règles bien que
des similarités les rassemblent au niveau de la langue (l’anglais), les
pratiques commerciales, les chaînes de grandes surfaces, des aspects
commerciales, des marchés ethniques, produits haut de gamme, etc. Ils sont
toutefois différents au niveau des tarifs douaniers, des exigences
d’emballage et d’étiquetage, de la documentation relative à l’importation.
Il existe également des disparités au niveau du système qui est métrique
pour le Canada alors qu’il est impérial pour les Etats-Unis d’Amérique.
Ajoutons à cela une plus grande concentration des boutiques spécialisées au
Canada alors que pour le marché américain, il s’agit des chaines de grandes
surfaces.
L’opportunité du marché canadien pour les entreprises tunisiennes réside
dans le fait qu’il est le 9ème plus important importateur au monde,
essentiellement en produits finis et à valeur ajoutée. Le Canada importe, en
premier lieu, les produits manufacturés (équipements et machinerie), les
produits automobiles. Une part de ses importations provient du secteur
textile et habillement, surtout la lingerie féminine, où la Tunisie accapare
un taux de 1% sur le marché canadien.
Le développement des échanges commerciaux entre la Tunisie et le Canada
passerait par un ciblage des niches promoteurs sur le marché canadien et par
le développement des investissements conjoints. A noter que le Canada est
classé, par l’Intelligence Unit en 4ème rang pour ce qui est du climat des
affaires. Les IDE canadiens s’élèvent à 501 milliards de dollars canadien en
2007. Les investissements canadiens à l’étranger sont de l’ordre de 515
milliards de dollars canadiens. «La création d’une entreprise au Canada ne
dépasserait pas cinq jours», nous précise M. Bruno Picard, ambassadeur du
Canada en Tunisie.
Pour M. Mamlouk, l’approche du marché canadien exige de multiplier la
participation aux foires et salons, de renforcer l’implantation commerciale
privée, de dépasser des marchés ethniques et de sortir de la province
francophone.