Le pari était-il perdu d’avance ? En rachetant en 2004 la
Société Maghrébine de Fabrication de Moteurs Thermiques -Sakmo-, le groupe Ghali
n’a pas eu à assumer le passif de l’ancienne entreprise publique
tuniso-algérienne (créée par la Tunisie et l’Algérie au plus fort de leur
rapprochement stratégique, au début des années quatre-vingts), puisqu’il n’en a
repris que les actifs (une usine opérationnelle, à Sakiet Sidi Youssef,
gouvernorat du Kef, sur une superficie d’environ 20 ha dont 32.000 m2 couverts,
pour la fabrication de moteurs thermiques d’une puissance de 6 à 30 CV, sous
licence LAMBARDINI, et un terrain d’environ 7.300 m2 sur lequel a été construite
une Cité comprenant 26 logements mis à la disposition des cadres de la société à
titre de location).
Après avoir créé une nouvelle entité juridique –Sakmo Invest-, une fois le
rachat de ces actifs conclu, le groupe Ghali a élargi l’activité de la société à
la sous-traitance mécanique et à la réalisation des pièces et ensembles pour les
moteurs thermiques. Malheureusement, la machine n’a pas redémarré. Son chiffre
d’affaires –c’est la seule indication disponible à ce sujet- n’a pas dépassé les
300.000 dinars en 2004 et n’a pas pu augmenter, du moins pas au point de
permettre à la société d’atteindre l’équilibre financier, puisque la société a
été déclarée par la justice en état de cessation de paiement de ses dettes, à
partir du 5 juillet 2006 –soit un peu plus de deux ans seulement après sa
privatisation par cession d’actifs. A quoi cette relance ratée est-elle
imputable ? La direction générale de la société n’a pas voulu s’expliquer sur la
situation de l’entreprise puisqu’elle a refusé de nous rencontrer. Mais le fait
est que Sakmo Invest a été mise sous administration judiciaire.
Pourtant, l’histoire du groupe Ghali n’est pas faite que d’échecs. Ce groupe,
fort d’une demi douzaine d’entreprises, a en effet inscrit à son palmarès la
reprise –en 2000- et le développement de la Société Tunisienne de l’Accumulateur
«Nour». Première entreprise de fabrication de batteries créée en Tunisie, en
1956, et, également, être certifié ISO 9001-Version 2000, Nour roduit la plus
large gamme de batteries en bacs polypropylène de 28 AH à 200 AH avec une
capacité journalière de 2.000 batteries standards, et réalise 45% de son chiffre
d’affaires –de plus de 11 millions de dinars- à l’export.
La justice qui est en charge du dossier de Sakmo Invest depuis deux ans et
demi, avec l’appui de l’administrateur judiciaire Abdelaziz Frikha, a récemment
ordonné la poursuite de l’activité de la société et approuvé le plan de
redressement soumis par cet expert-comptable.
Après un abandon de près de 863 mille dinars par Attijari Bank, Sakmo Invest
aura de 6 mois à 8 ans, selon le cas, pour régler ses dettes vis-à-vis de cette
banque (600.000 d), de Sicar Développement (450.000 d), de la BTQ (350.000 d),
des actionnaires (438.684 d), de la CNSS (67.542 d), de la Direction générale
des Impôts (68.542 d), et de la Sakmo (152.000 d).
Une bouffée d’oxygène qui devrait lui permettre d’essayer de redémarrer du
bon pied.