[11/02/2009 17:18:41] LONDRES (AFP)
à Londres (Photo : Shaun Curry) |
La Banque d’Angleterre a livré mercredi des pronostics faisant froid dans le dos pour l’économie britannique, la contraction du PIB devant atteindre 4% sur un an mi-2009, et même 6% dans la pire des hypothèses, alors que le crédit reste gelé et que le chômage s’envole.
La récession au Royaume-Uni avait été confirmée fin janvier, avec un recul du PIB de 1,5% au dernier trimestre 2008 comparé au précédent, après déjà un recul de 0,6% au troisième trimestre. Mais la BoE a noirci le tableau en avertissant avec insistance de l’ampleur possible du phénomène, dans son rapport trimestriel sur l’inflation.
L’institution prévient que de “forts risques à la baisse pèsent” sur sa prévision de croissance centrale, pourtant nettement plus pessimiste que dans son précédent rapport. Dans le pire des cas, la contraction de l’activité économique pourrait atteindre 6% sur un an courant 2009.
“La Banque d’Angleterre dresse un tableau très sombre de l’économie”, résume Hetal Mehta, du club de réflexion économique du cabinet Ernst & Young.
Loin d’arrondir les angles, son gouverneur Mervyn King a enfoncé le clou dans ses commentaires à la presse. Il a qualifié de “profonde” la récession qui frappe le Royaume-Uni, indiquant que “sa durée et son ampleur dépendraient largement des événements dans le reste du monde, où un sévère ralentissement économique est déjà en cours”. Il s’est inquiété aussi des accès actuels de protectionnisme dans le monde.
Profonde, la récession risque par ailleurs d’être longue, avertit aussi la BoE. La projection la plus pessimiste montre une poursuite de la contraction d’environ 1% sur un an chaque trimestre tout au long de 2011. Cela correspondrait ainsi à une “dépression”, si l’on entend par là trois années d’affilée de croissance négative.
évrier 2009 à Londres (Photo : Luke Macgregor) |
Ce mot avait échappé la semaine dernière au Premier ministre Gordon Brown, pour décrire la situation économique mondiale, qui aurait ainsi trahi ses craintes pour l’avenir de son pays. Ses services avaient évoqué un lapsus. Mais ce week-end un de ses ministres a estimé que la crise “était beaucoup plus grave et sérieuse que celle des années 1930”, dont la noirceur fait référence.
Le présent n’a déjà rien de réjouissant, avec notamment une montée en flèche du chômage confirmée mercredi. Celui-ci a grimpé à 6,3% sur les trois mois achevés en décembre, un sommet depuis onze ans. Le nombre des chômeurs a manqué de peu la barre des 2 millions mais ce n’est semble-t-il que partie remise. Il est même “hautement probable”, selon l’économiste Howard Archer, de IHS Global Insight, qu’il passe à 3 millions fin 2009.
Dans l’hypothèse où les choses tourneraient mieux que prévu, la croissance sur un an pourrait repartir début 2010 pour atteindre près de 6% tout au long de 2011, prévoit la BoE, mais sans avoir l’air d’y croire. M. King a souligné que l’efficacité des mesures d’aides aux banques dans le monde n’était pas garantie.
Pour secourir l’économie, M. King a répété aussi que la Banque pourrait aller “plus loin” dans sa politique monétaire, une allusion à des mesures d’assouplisssement quantitatif déjà évoquées par l’institution. Sachant que les taux britanniques sont déjà proches de zéro (à 1%), la Banque pourrait inonder le marché de liquidités pour débloquer le marché du crédit.
Ces mesures devraient également aider à soutenir l’inflation, que la BoE voit bien au-dessous de sa cible de 2% dans sa projection centrale, au moins jusqu’à 2011 inclus. Elle resterait cependant positive, sauf dans les pires hypothèses où les prix pourraient reculer sur la plupart de 2010 et sur l’ensemble de 2011. Déjà en récession, l’économie britannique serait alors affligée de déflation.