à Paris (Photo : Eric Piermont) |
[11/02/2009 18:53:32] PARIS (AFP) Le rejet mercredi par les actionnaires de Fortis de l’offre de BNP Paribas, malgré ses efforts pour l’amender, rend de plus en plus probable un abandon pur et simple de ce rachat qui devait apporter à la banque française des dépôts et des fonds propres bienvenus en temps de crise.
Fin septembre, Fortis est au bord de la faillite. BNP Paribas, qui n’a pas encore été rattrapée par la crise, est au mieux de sa forme. Après une première tentative infructueuse, elle négocie avec l’Etat belge le rachat des actifs belges de Fortis pour moins de 15 milliards d’euros, dont un tiers doit être payé en numéraire, le reste en titres.
Les analystes saluent alors un “coup de maître”. L’opération, fait valoir BNP Paribas, va lui ouvrir deux nouveaux marchés européens, la Belgique et le Luxembourg, en plus de la France et de l’Italie.
En outre, BNP Paribas met la main sur un trésor: quelque 239 milliards d’euros de dépôts, à un moment où les banques, qui ne peuvent plus se financer sur le marché depuis la faillite de Lehman Brothers, cherchent désespérément des dépôts, que ce soit auprès de leurs clients ou en s’adossant à d’autres banques mieux dotées.
Ce n’est pas tout: l’opération est aussi censée lui permettre de consolider ses fonds propres, à l’heure où il est impératif pour une banque d’être bien capitalisée, mais où toute augmentation de capital est vouée à l’échec.
ée générale à Bruxelles le 11 février 2009 (Photo : John Thys) |
Mais le rêve tourne court. La justice belge, saisie par les actionnaires de Fortis, les autorise à se prononcer sur la vente lors d’une assemblée générale convoquée ce mercredi.
En vue de ce rendez-vous crucial, BNP Paribas consent à revoir son offre. Peine perdue! A une courte majorité les actionnaires ont dit “non”.
Dans un bref communiqué mercredi soir, la banque “a pris acte” de cette décision et remercié “le grand nombre d’actionnaires qui ont exprimé un vote favorable ainsi que les nombreux collègues et collaborateurs de Fortis Banque pour leur appui”. Sans dire si elle allait ou non jeter l’éponge.
Elle reste toutefois liée à Fortis jusqu’au 28 février par le protocole d’accord signé avec l’Etat belge, qui prévoit qu’elle fournisse la banque belge en liquidités pour lui permettre de continuer à faire son métier.
D’ici là, c’est à l’Etat belge de “gérer cette situation inextricable”, estime Pierre Chedeville, analyste du CMC-CIC, pour qui “les chances de BNP Paribas sont faibles, mais pas nulles”.
Ce n’est pas l’avis d’Alain Tchibozo, d’ING, pour qui l’opération avait du sens dès lors qu’elle lui permettait “de gagner des clients en Belgique. Or les clients n’en veulent pas, donc l’opération ne se fera pas”.
Selon lui, “BNP Paribas ne forcera pas”, mais cherche plutôt à “sortir de cette affaire sans casse”.
La banque française, dont le cours de Bourse a pâti de l’incertitude entourant l’opération Fortis, au point de perdre 42% en trois mois, a clôturé mercredi en baisse de 2,11% à la Bourse de Paris.
Pour Frédéric Rozier, de Meeschaert Gestion Privée, ce revers va relancer les “spéculations” autour d’un rapprochement de BNP Paribas avec un autre établissement, “sachant qu’en termes de fonds propres, elle se retrouve un peu juste”.
La banque avait toutefois précisé qu’à la lumière des pertes plus importantes que prévues révélées par Fortis mi-janvier, et de l’accord renégocié le 30 janvier, l’impact de l’opération sur ses fonds propres serait finalement neutre.