Fortis : les actionnaires rejettent le plan de sauvetage et la vente à la BNP

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à Paris (Photo : Eric Piermont)

[11/02/2009 20:42:02] BRUXELLES (AFP) “Non, non et non”: les actionnaires de Fortis ont voté mercredi contre le démantèlement du bancassureur par les Etats belge et néerlandais et le français BNP, rejetant le plan de sauvetage de ce pilier de la finance du Benelux à l’avenir à nouveau compromis.

Ils ont d’abord dit “non” à la nationalisation des principales activités aux Pays-Bas par l’Etat néerlandais, une opération de 16,8 milliards d’euros qui avait enclenché le 3 octobre le démantèlement de Fortis, un des premiers établissements européens touché par la crise financière.

Les actionnaires ont ensuite voté contre la nationalisation à 100% de la filiale bancaire Fortis Banque par l’Etat belge, et donc de facto contre la revente de 75% de cette banque, la première de Belgique, à BNP Paribas.

Ce deuxième non, obtenu de justesse, a été accueilli par un tonnerre d’applaudissements.

“Il faut voter contre, car c’est un hold up du (ministre belge des Finances Didier) Reynders et de l’Etat néerlandais”, avait estimé avant le vote un actionnaire.

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ée générale à Bruxelles le 11 février 2009 (Photo : John Thys)

“Votre société a été vidée de sa substance en trois jours: un bout aux Néerlandais, un bout aux Français, et des miettes pour les actionnaires”, avait aussi dénoncé Mischael Modrikanem, un avocat des petits porteurs.

Plusieurs milliers d’actionnaires, représentant 20,32% du capital, s’étaient déplacés au parc des expositions de Bruxelles pour cette assemblée générale.

A plusieurs reprises, la salle a accusé la direction de Fortis d’être des “vendus”, scandant “dehors” et “démission” à l’intention du PDG Karel De Boeck.

Après le vote, le Premier ministre belge Herman Van Rompuy a voulu rassurer sur l’avenir de Fortis en soulignant que “les épargnants et le personnel ne devaient se faire aucun souci”.

Le ministère néerlandais des Finances a lui affirmé que le vote ne portait “pas atteinte à la validité” de l’opération.

BNP Paribas a aussi “pris acte” du vote, sans dire s’il pourrait renoncer à reprendre Fortis. Un scénario que beaucoup d’analystes jugent probable, d’autant que Baudouin Prot, directeur général, avait prévenu avant l’assemblée générale que BNP “sortirait du paysage” si “les choses ne se débloquent pas rapidement”.

Mais la banque française reste liée à Fortis au moins jusqu’au 28 février par un accord signé avec l’Etat belge, qui prévoit qu’elle fournisse la banque belge en liquidités pour lui permettre de continuer à travailler.

En attendant de voir ce que fera BNP, les décisions des actionnaires ne devraient avoir aucune conséquence immédiate sur les transactions déjà bouclées, à savoir les nationalisations en Belgique et aux Pays-Bas.

Avant même l’assemblée générale, Fortis avait prévenu que les transactions découlant des accords d’octobre “ne pourraient être dénouées que moyennant l’accord des parties ou par une décision judiciaire au fond déclarant nulles ces opérations”.

S’ils veulent annuler le démantèlement, les petits actionnaires devront vraisemblablement retourner devant les tribunaux.

Mais BNP et les Etats pourraient aussi poursuivre la holding Fortis pour forcer l’exécution des accords d’octobre ou réclamer des dommages et intérêts.

Le vote de mercredi pourrait aussi avoir des conséquences politiques en Belgique, où le dossier Fortis avait fait chuter en décembre le gouvernement d’Yves Leterme, accusé d’avoir fait pression sur la justice pour qu’elle valide le plan de sauvetage.

Le gouvernement belge – qui a indiqué rester en contact avec BNP Paribas – était réuni mercredi soir pour voir quelles conséquences tirer de ce vote.