Certes, ces personnes vont faire des transferts de devises vers le pays, qui
seront d’une grande utilité à court terme. Dans la balance des calculs que vous
faites dans votre article ne figurent pas les dépenses d’éducation et de santé
que le pays a investi pour bâtir ces tunisiens et notamment son élite.
Dans une logique d’offre et de demande mondialisées, cette élite est la première
à être “achetée” par l’étranger privant ainsi la Tunisie des opportunités de
développement et de croissance qu’aurait pu générer cette élite. Et c’est là que
le bât blesse, car la Tunisie manque aujourd’hui de compétences hautement
qualifiées à même d’attirer les IDE et d’assurer notamment la relève des hauts
cadres de l’administration tunisienne.
Par ailleurs, d’un point de vue strictement commercial, l’exportation des
tunisiens est une “affaire” non rentable. En effet, le tunisien “exportable” est
une ressource chère dont le délai de “fabrication” est long : de l’ordre de 20
ans de lourds dépenses d’investissement. Le retour sur investissement se fait au
travers de l’apport en développement socio-économique et de bien-être social que
procurerait ce tunisien pendant sa période de vie active.
Les transferts de devises ne rentabiliseront jamais les dépenses évoquées plus
haut. Ceci suppose, bien entendu, que le pays fournisse la possibilité pour ce
tunisien de travailler et de produire. Ces opportunités d’emploi sont
normalement stimulées par l’élite du pays. Comment ? :
1) Au travers de l’entrepreneuriat, s’il n’est pas nécessaire d’avoir fait
polytechnique pour lancer un projet réussi, l’élite est à même de lancer des
projets à forte valeur ajoutée industrielle et technologique. Cette élite est la
garante de l’aptitude de ces projets à perdurer et à créer des opportunités
d’emploi.
2) la présence de cette élite dans le tissu économique tunisien est un gage de
qualité et de développement durable pour le pays. En effet, c’est l’élite qui
tire vers le haut le niveau d’exigence en termes de services ou de produits.
Vendre ou exporter l’élite tunisienne s’avère ainsi destructeur de valeur pour
le pays sur le long terme.
Aujourd’hui, rien n’est fait pour garder l’élite tunisienne hormis quelques
actions associatives comme l’ATUGE pour ce qui relève de l’élite issue des
grandes écoles. Sans la volonté et l’appui des autorités compétentes, la Tunisie
sera durablement privée du potentiel de développement et de création d’emplois
qu’aurait pu lui offrir son élite.
Khaled Amri
Réaction à l’article : Ressource
renouvelable : Exportons les Tunisiens !
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