Automobile : Fillon défend le plan français, la Commission reste sceptique

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çais François Fillon le 12 février 2009à Bruxelles (Photo : Dominique Faget)

[12/02/2009 16:05:38] BRUXELLES (AFP) Le Premier ministre, François Fillon, a défendu jeudi le plan automobile français en affirmant que des milliers d’emplois en Europe en dépendaient, face à une Commission européenne toujours sceptique et décidée à défendre “l’intégrité” du marché unique européen.

“Le plan automobile français n’est pas un plan protectionniste”, a martelé à Bruxelles le chef du gouvernement français, qui s’est exprimé d’abord aux côtés du Premier ministre belge Herman Van Rompuy puis du président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, avec lequel il a déjeuné.

Paris a suscité l’irritation de la Commission et de certains de ses partenaires européens en annonçant lundi des prêts de six milliards d’euros à taux préférentiels pour ses deux constructeurs nationaux, Renault et PSA Peugeot Citroën, en contrepartie d’engagements sur le maintien de la production en France.

“Il n’y a pas d’autres industries automobiles en Europe qui soient aussi développées sur le territoire européen” que l’industrie française, a affirmé François Fillon. “Les constructeurs français fabriquent des voitures en Tchéquie, en Slovénie, en Slovaquie, en Espagne, au Portugal, en Grande-Bretagne”.

“La meilleure façon de défendre les emplois c’est de mettre en oeuvre ce plan de financement, sinon c’est l’ensemble de l’industrie automobile européenne qui disparaîtra”, a-t-il insisté, faisant ainsi planer la menace de pertes d’emplois massives dans l’UE au cas où ce plan serait retoqué.

Pour M. Fillon à crise exceptionnelle, mesures exceptionnelles. Selon lui “la pédagogie consiste aussi à dire à nos citoyens qu’on n’est pas dans une situation normale, qu’on est dans une situation de crise extrême et que les constructeurs ne peuvent pas trouver des moyens de financer leur trésorerie sauf à des taux exorbitants”.

Au cours d’une conférence de presse qui a tourné à la passe d’armes feutrée, José Manuel Barroso lui a répliqué n’avoir “aucune obsession” avec les aides d’Etat. “Mais le jour ou des mesures prises par un Etat membre détruirait de l’emploi dans un Etat membre à coté, on aurait mis en danger l’idée même de l’Union européenne. C’est pour cela que nous devons défendre l’intégrité du marché unique”, a souligné le président de l’exécutif européen.

“Nous comprenons parfaitement le souhait du gouvernement français de renforcer le soutien à l’industrie automobile”, a-t-il poursuivi. “Mais il faut être sûr qu’un plan national, que ce soit un plan français ou d’autres plans nationaux, ne puisse pas avoir d’effets collatéraux négatifs pour d’autres pays membres”.

“Nous allons examiner le plan français sous cette lumière – voir s’il y a oui ou non des effets collatéraux négatifs – et on va discuter ça avec nos partenaires français dans le meilleur esprit”, a-t-il conclu.

Le Premier ministre belge a lui aussi fait dans la critique implicite du plan français en affirmant pour sa part appartenir “à ceux qui sont soucieux de l’application des règles de la saine concurrence, de la concurrence loyale dans le marché intérieur européen”.

Cette polémique intervient alors qu’un sommet européen extraordinaire est convoqué le 1er mars à Bruxelles sur la crise économique. La présidence tchèque de l’UE a déjà prévenu qu’elle entendait en faire une rencontre “pour dire clairement non” au protectionnisme, alors que la France voudrait centrer les débats une plus grande coordination des mesures européennes face à la crise.