Les Français plus sages dans leurs achats de bijoux

photo_1234458801897-1-1.jpg
à Paris (VIIIe), le 4 décembre 2008 (Photo : Lionel Bonaventure)

[12/02/2009 17:15:35] PARIS (AFP) Avec la crise, les Français ont acheté en 2008 un peu moins de montres et de bijoux, surtout moins de bijoux en or, qui sont de plus en plus chers en raison d’une forte hausse du cours du métal précieux.

“L’année 2008 a été difficile” pour le secteur de l’horlogerie-joaillerie, avec des consommateurs “plus prudents”, et “2009 s’annonce comme une année d’incertitudes et de mutations pour la profession”, a résumé Hubert Lapipe, directeur général de la Société 5, jeudi lors d’une conférence de presse.

Son cabinet compile chaque année les ventes de montres et bijoux précieux ou fantaisie de 1.500 points de ventes disséminés dans les grandes surfaces, les grands magasins et les boutiques de marques ou indépendantes.

Sa dernière étude fait ressortir une baisse de 1,5% des volumes de bijoux vendus en France en 2008, à 65 millions d’unités, et de 0,7% pour les montres, à 13,3 millions.

Le marché a également reculé en valeur, de 2% à 5,3 milliards d’euros, une “déception” par rapport à 2007 (+5%), a souligné M. Lapipe.

“Le marché n’est pas facile”, a reconnu Guy Subra, président de la fédération Horlogers, bijoutiers, joailliers, orfèvres (HBJO): “le budget de nos consommateurs n’est pas très élastique”.

En outre, les comportements évoluent: “certains consommateurs attendent désormais la bonne occasion, les périodes de soldes”, note M. Lapipe.

Même des “clients fortunés reportent leurs achats de joaillerie très haut de gamme et attendent que la conjoncture évolue pour voir si les prix ne vont pas baisser”, expliquait Philippe Pascal, le patron de la division montres et joaillerie de LVMH, lors de la présentation des résultats annuels du leader mondial du luxe début février.

Les Français ont en fait surtout acheté moins de bijoux en or (-5% en valeur), de moins en moins “populaires”: “les ventes ont baissé d’un tiers par rapport aux années 1999-2001”, indique Hubert Lapipe.

La raison, selon lui, est la hausse de leur prix moyen: avec la crise financière, nombre d’investisseurs se sont tournés vers ce placement refuge, poussant les cours du métal jaune de records en records.

Résultat, le prix au gramme de la classique chaîne forçat en or a bondi de 46% entre 2005 et 2008. L’année passée, le prix moyen des bijoux en or 375 millièmes s’est envolé de 13% à 96 euros, celui des produits en plaqué or de 3%, à 33 euros.

Les professionnels ont tout de même des raisons de rester “optimistes”, estime M. Lapipe. “Nous pourrions au moins limiter les dégâts en 2009”, veut croire M. Subra.

D’abord parce que les Français sont toujours plus friands de bijoux en argent, à la mode et souvent plus abordables: leurs ventes ont augmenté de 5% en 2008.

Ensuite parce que les ventes de montres, même en net ralentissement en 2008 (+1% contre +11% en 2007), résistent pour l’instant mieux que celles de bijoux, car ce marché est constitué à 90% de produits de marques, souvent très haut de gamme.

Surtout, “les résultats du marché français sont nettement meilleurs que ceux d’autres pays développés, Etats-Unis, Espagne ou Royaume-Uni, car distributeurs et producteurs se sont adaptés aux attentes du consommateur depuis une dizaine d’années”, estime M. Lapipe.

“Nous avons une carte à jouer”: faire des efforts pour “séduire” le consommateur avec des produits “créatifs”, estime Guy Subra.

Autre piste explorée: la refonte de vieux produits. “Mieux vaut retraiter un article invendu que l’écouler avec des remises”, explique M. Subra: “cela permet de préserver nos ateliers en les faisant tourner”.