L’assurance chômage craint au moins 400.000 chômeurs de plus en deux ans

[12/02/2009 19:07:24] PARIS (AFP)

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Une agence parisienne de l’ANPE (Photo : Pierre Verdy)

L’assurance chômage, première à se livrer au difficile exercice des prévisions sur l’impact social de la crise, pronostique plus de 400.000 chômeurs supplémentaires dans les années 2009 et 2010, alors que les règles d’indemnisation du chômage sont en passe d’être changées.

Le régime se fonde sur une hypothèse économique “médiane”, que “certains pourront juger un peu optimiste”, a indiqué son président Geoffroy Roux de Bézieux lors d’un point presse jeudi, au lendemain d’une réunion du bureau de l’Unedic.

Il prévoit une contraction limitée du PIB en 2009 (-1%), suivi d’un maigre rebond en 2010 (+0,5%), et l’application à partir du 1er avril des nouvelles règles d’indemnisation, valables jusqu’à fin 2010.

Si ce scénario se concrétise, en trois ans, la France compterait d’un coup 621.000 demandeurs d’emploi de plus inscrits dans la catégorie 1, qui sert de baromètre officiel: +217.000 en 2008 (chiffre réel), +282.000 en 2009 et +122.000 en 2010 (prévisions).

La catégorie 1 ne retient que les personnes cherchant un CDI à temps plein.

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évisions de l’Unédic pour le nombre de chômeurs et son déficit cumulé en 2009 et 2010

Un scénario plus négatif n’est cependant pas exclu, mettant davantage sous pression le gouvernement et l’Elysée avant une réunion avec le patronat et les syndicats le 18 février.

Tous les experts s’accordent sur le rôle clé de l’indemnisation chômage en matière de stabilisation économique et sociale.

L’Unedic, qui révisera sa prévision avant l’été, a commandé une deuxième projection avec 1,5% de recul du PIB en 2009, un chiffre entraînant en cascade davantage d’emplois détruits.

Pour les finances du régime, ce deuxième scénario, connu début mars, sera “forcément beaucoup plus négatif en 2010”, a prévenu M. Roux de Bézieux.

Au lieu d’un retour à l’équilibre, l’Unedic prévoit déjà un déficit cumulé de 5,7 milliards d’euros fin 2010.

Cela reste finançable à des taux d’intérêt “satisfaisants” car le régime reste “un créancier sûr” aux yeux des banques, selon ses dirigeants.

Les huit gestionnaires du régime (Medef, CGPME, UPA pour le patronat et CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC pour les syndicats) sont convenus de maintenir les cotisations chômage à 4% pour l’employeur et 2,4% pour le salarié.

La nouvelle convention d’assurance-chômage, en voie d’agrément, ouvre pourtant la voie à une baisse de cotisations au 1er juillet si le régime dégage un excédent semestriel d’au moins 500 millions d’euros.

Or, si cette baisse intervenait, même symboliquement de 0,05%, l’Unedic se priverait de 89 millions d’euros cette année, et 230 millions en 2010. M. Roux de Bézieux a redit tout le bien qu’il pensait de la nouvelle convention, qui fera “quelques perdants mais beaucoup de gagnants”.

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ésident de l’Unedic, Geoffroy Roux de Bézieux, le 10 septembre 2007 au Sénat, à Paris (Photo : Jacques Demarthon)

La nouvelle convention instaure le principe d’un jour cotisé = un jour indemnisé, dans la limite de 24 mois maximum (36 mois pour les 50 ans et plus).

Selon l’Unedic, “autour d’un millier de personnes seront perdantes en 2009, et 10.000 en 2010”.

Pour FO, opposée comme la CGT à ces règles, il y aura effectivement 48% de gagnants, qui auront 1,4 mois d’indemnisation supplémentaire, 20% pour lesquels cela ne changera rien et 32% de perdants qui perdront 4,2 mois d’indemnisation.

Potentiellement, cela fait 577.000 perdants, selon FO qui souligne que “le couperet de la fin de droits tombera plus tôt mais c’est évidemment sur le long terme qu’on en verra l’impact” et qui prédit une explosion des demandes de RMI et ASS, financées par l’Etat en 2011.

Réponse de M. Roux de Bézieux: “En 2011 ce sera une nouvelle convention”.