Vélib’ : vandalisme et jeux de massacre sur internet

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élib’ vandalisé aux Halles à Paris, le 12 février 2009 (Photo : Cyril Folliot)

[13/02/2009 14:01:14] PARIS (AFP) Le succès du Velib’, le système parisien de vélos en libre service Vélib’, a son revers de la médaille: un vandalisme record, certains les utilisant même pour se lancer des défis sur internet, véritables jeux de massacre pour Vélib’.

Quelque 7.800 vélos ont ainsi disparu et 11.600 été détériorés depuis un an et demi, sur une flotte totale de 20.000 bicyclettes, selon la société prestataire, Somupi, filiale de JCDecaux.

Sur Youtube, de nombreuses vidéos montrent des jeunes, juchés sur un Vélib’, descendant des escaliers à tour de rôle, sur fond de hard rock. D’autres effectuent des sauts et vrilles en bord de Seine.

Les défis deviennent de plus en plus risqués. En mai 2008, des jeunes postent une vidéo les montrant en train de descendre à toute allure les marches du Trocadéro, sous l’oeil effaré des touristes.

Datée du 4 août 2007, moins d’un mois après le lancement du système parisien, une autre vidéo a été visionnée 311.080 fois. La plupart des commentaires laissés par les internautes ne sont guère admiratifs. Certains traitent les jeunes d'”égoïstes” qui “ruinent” le projet pour “tout le monde”. D’autres craignent que Vélib’ n’échoue “grâce à vous”.

Un collectif de professionnels du vélo acrobatique, Cream of BMX, a publié sur son site un “Vélib’test”. Le but: effectuer des sauts périlleux sur une rampe de skate avec un Vélib’ sans l’endommager.

Les commentaires de la vidéo sont formels. “Tous les vélos utilisés pour ce test ont été rendu intacts”, peut-on lire. L’objectif serait de montrer aux “abrutis qui vandalisent les Vélib'” ce qu’on peut en faire, simplement en surgonflant les pneus et en rajoutant des embouts métalliques. Reste à savoir si les Vélib’s testés ont résisté longtemps par la suite.

Un porte-parole de JCDecaux a indiqué à l’AFP que sa société avait déposé 3.257 plaintes. Toutefois, a-t-il ajouté, elle ne peut engager des poursuites que lorsque la police a constaté un délit, ce qui n’est pas le cas quand, par exemple, ces vélos gris terminent au fond d’un canal.

Des auteurs de dégradation ont été condamnés à des amendes, a-t-il précisé.

Pour les Usagers, l’état général des Vélib’ laisse souvent à désirer. Selon Thomas Roussel qui travaille dans le IIème arrondissement, juste devant une borne Vélib’, “quelquefois tous les vélos sont là, mais aucun n’est disponible, car hors de service”. “Il me faut parfois faire trois bornes avant de trouver un vélo qui marche”, poursuit-il, même si des camionnettes emportent au moins “une fois par semaine” les bicyclettes défectueuses pour les réparer.

De fait, selon JCDecaux, l’entretien de la flotte de Vélib’ nécessite 1.500 réparations par jour. Et les vélo disparus ou hors d’usage sont systématiquement remplacés.

Un commerçant du quartier n’a vu qu’un acte de vandalisme depuis le début du projet. “Le vélo était complètement tordu”, se rappelle-t-il, ajoutant que quelquefois, les vélos reviennent tagués.

Une jeune utilisatrice, Ela, se plaint de trouver de nombreux vélos cassés. Une station l’a marquée: “A Château d’eau, il n’y a jamais de vélos utilisables, ils sont tous cassés: roues manquantes ou tordues, sièges ou paniers détruits”.

Pour la Ville de Paris, malgré la multiplication des actes de vandalisme, Vélib’ reste un succès populaire: 170.000 abonnés et plus de 41 millions de trajets effectués depuis sa mise en service.